LE PARISIEN : 80 ans de passion !
Rencontre avec Laurence Allezy et Julien Sofianos de la rédaction du Parisien, respectivement rédactrice en chef et rédacteur en chef en charge du pôle Vidéo, qui nous partagent leur vision du journalisme, entre passion pour l’information et nouveaux défis pour capter l’attention d’un public toujours plus exigeant.
Comment définir l’esprit « Parisien » ?
Laurence Allezy : Au sein de la rédaction, on parle souvent de ce qui fait l’ADN du Parisien. Ce qui prime, c’est la proximité avec nos lecteurs. Nous essayons d’être les témoins privilégiés de la société, qu’elle se trouve au bout de la rue ou au bout du monde. Nos 420 journalistes, qui sillonnent le terrain chaque jour, en Ile-de-France ou dans les services de l’édition nationale, travaillent dans cet état d’esprit. Lorsqu’ils rentrent de reportage, j’aime qu’ils me racontent ce qu’ils ont vu, entendu. Partir de ce récit pour donner un angle au sujet. Notre mission est de nous adresser au plus grand nombre, de rester à hauteur d’homme tout en ayant un temps d’avance sur l’actualité.
Comment préserver cet esprit unique en vidéo ?
Julien Sofianos : Le Parisien est riche d’une longue histoire, nous venons de fêter nos 80 ans ! Grâce à cette longévité, nous avons une identité très forte et très bien connue du public. La vidéo n’est qu’un médium supplémentaire pour diffuser notre ADN : proche des gens et des sujets qui les concernent. J’essaie de rester dans ce qu’a toujours fait Le Parisien. Repérer les signaux faibles dans la société et en faire un récit journalistique qui va toucher le plus grand monde.
Comment concilier exigence rédactionnelle et journal populaire ?
L.A. : Nous devons rester accessibles, c’est en cela que l’on reste un journal populaire. Quant à notre exigence rédactionnelle, elle est très élevée. Nous avons plusieurs obsessions au Parisien, sortir des infos, révéler des scoops, être prescripteur et influent. Cela implique de faire des choix !
Comment fait-on pour parler aux jeunes, même à 80 ans ?
L.A : Savoir s’adresser à tous les publics et notamment les plus jeunes fait partie de nos challenges. Cela nous bouscule et c’est une bonne chose. Leur consommation de l’information n’a rien à voir avec celle de nos abonnés papier par exemple. Nous avons mis en place de nouveaux formats comme les lives et les podcasts. Notre présence sur les réseaux sociaux ne cesse de se développer (10 millions d’abonnés) et nous misons énormément sur la vidéo pour aller chercher ce jeune public. Le Parisien vient de fêter ses 80 ans et il n’a jamais eu autant de lecteurs. Ils sont près de 20 millions chaque mois à nous suivre sur le papier ou le numérique et le nombre vues de nos vidéos explose.
La vidéo est-elle la solution pour toucher un public plus jeune ?
J.S. : Naturellement on aime à penser qu’on touche un public jeune en faisant de la vidéo. C’est particulièrement vrai pour TikTok. Aujourd’hui toutes les tranches d’âge consomment de la vidéo sur Internet. Des plateformes comme YouTube ou Meta ont des publics avec des âges beaucoup plus larges que 15-30 ans.
Comment gérer la complémentarité des sujets entre rédactionnel et vidéo ?
J.S. : C’est un vrai sujet dans une rédaction mais aujourd’hui Le Parisien est à maturité sur ces questions. Naturellement, un rédacteur qui pense avoir un sujet où la vidéo peut trouver sa place nous propose de mutualiser nos forces pour créer un projet commun.
Comment soutenir la confiance des Français dans les médias ?
L.A. : Il faut être à leurs côtés en permanence tout en étant attentif à l’intérêt général. Cela me semble primordial et c’est souvent une affaire de choix quotidiens au sein des rédactions. Il est aussi nécessaire de mettre en avant sa ligne éditoriale et ses valeurs. Garder la confiance des Français c’est surtout veiller à leur offrir une information vérifiée, savoir lutter contre les fake news en allant aux sources de l’information. Les lecteurs qui ont soif d’information, envie de comprendre, en sont toujours reconnaissants. Enfin, je suis certaine qu’il est important de bien les connaître. Cela ne veut pas dire faire du journalisme à la demande mais la proximité a un rôle, pour eux comme pour nous.