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Clément Serio : utiliser la gamification comme levier de sensibilisation

Si les Escape games sont aujourd’hui bien connus, comment avez-vous pressenti leur intérêt dès 2011 ?

En 2011, alors que nous travaillions pour de grands groupes, Anna et moi avons découvert les Escape games à Budapest. Le concept n’existait pas encore en France, mais nous y avons tout de suite vu un grand potentiel de création de lien, de cohésion et d’interaction au sein des équipes des grandes entreprises qui en manquent. En 2015, lorsque nous avons lancé l’entreprise Collock, les Escapes games commençaient à se développer, et nous souhaitions proposer quelque chose de vraiment différent. Notre premier produit, l’Escape game nomade, avait alors l’avantage différenciant de pouvoir se déplacer jusque chez les clients. Pour cela, nous utilisons un système logistique et de rangement bien spécifiques, qui nous permettent de monter et démonter tous nos décors rapidement et facilement. Le moyen de répondre aux contraintes de temps de nos clients. 

Ont-ils toujours le même intérêt aujourd’hui ? 

Au fil du temps, nous nous sommes rendu compte qu’au-delà de l’Escape game pur, les techniques de gamification pouvaient être utilisées pour répondre à des enjeux bien plus vastes et avoir de nombreuses applications : conduite du changement, formation, on-boarding et intégration, sensibilisation à des causes, transmission de messages, rappel et transmission de bonnes pratiques… Nous sommes fiers que le concept ait survécu à l’épreuve de la pandémie, de laquelle nous tirons d’ailleurs l’une de nos plus grandes fiertés : la création d’un jeu pour faciliter la conduite du changement de La Poste en communiquant sur leur nouveau plan stratégique pour 2030. Initialement prévu en présentiel, le jeu a finalement été adapté au format distanciel et est parvenu à toucher plus de 35 000 collaborateurs. 

En quoi la sensibilisation aux thématiques RSE par le jeu est-elle pertinente ?

Le jeu est un levier de communication et de sensibilisation puissant car il incite à la mise en action des participants : au lieu d’être passifs, ils se doivent de prendre des décisions dans des situations réalistes. Dans ce cadre, le collectif permet la confrontation des points de vue, et l’apprentissage s’y fait à travers le débat. Enfin, le fait que les participants soient immergés dans un univers et une histoire donnés permet de les sortir du cadre professionnel et d’exprimer ce qu’ils souhaitent sans craindre de jugement. La libération de la parole crée toujours des discussions enrichissantes et constructives. D’ailleurs, les enjeux de sensibilisation sont les raisons pour lesquelles nous sommes le plus sollicités aujourd’hui. Le jeu « Déjouer le sexisme » a notamment été conçu en collaboration avec le MEDEF.  Ce type de jeu rencontre un grand succès car beaucoup de DRH n’ont pas assez de clés pour sensibiliser les collaborateurs à ces sujets. À la fin de chaque partie, des experts issus de cabinets spécialisés interviennent pour décrypter le sujet. Ce qui plaît, c’est la complémentarité entre le côté ludique et divertissant du jeu, et le côté enrichissant du témoignage d’expert. 

À quoi ressemble le process de conception d’un serious game ?

Nous pouvons proposer des jeux clés en main pour répondre à des enjeux communs chez les entreprises (handicap, sexisme, diversité, inclusion…), ou bien des jeux sur-mesure, s’adaptant à des besoins plus précis : jeu vidéo, jeu de société, etc. Dans tous les cas, le processus de création débute par l’analyse des messages à transmettre par l’entreprise, de ses objectifs et de ses contraintes. C’est là que la partie concrète débute, avec l’organisation d’ateliers de création avec nos clients. On y choisit l’univers du jeu, son style visuel, l’histoire à raconter et les mécaniques de jeu à utiliser. Ensuite, le jeu est testé sur maquette puis en version prototypée par des utilisateurs test, jusqu’à sa validation. L’ensemble de la procédure dure en moyenne de 2 à 3 mois. Nous nous efforçons de réaliser un maximum de choses en interne : nous travaillons avec nos Game Designers et nos Narrative Designers pour imaginer les mécaniques de jeu et concevoir les univers, avec nos graphistes pour habiller les interfaces, etc. 

À quels autres enjeux l’utilisation de la gamification peut-elle répondre ? 

Lors de grands rendez-vous événementiels, pour créer un effet « Waouh », l’utilisation de leviers de gamification peut être complétée par des technologies comme la réalité mixte. Une recette gagnante que nous avons proposée à France Travail à l’occasion d’un événement proposant au grand public de découvrir les métiers des filières de demain. Lors de salons (Salon de l’Agriculture, le Bourget, 24h du Mans…), nos partenaires peuvent aussi être mis en avant via des mécaniques de jeu dynamisantes. Concernant les enjeux de santé et de sécurité au travail, le serious game s’avère très efficace, et notamment sur les sites industriels, très exposés à ce type de risques. Ces animations fonctionnent très bien car elles permettent de reproduire des scènes quotidiennes en conditions réelles, et de devoir faire des choix concrets pour avancer. Enfin, dans le domaine du tourisme, il y a un véritable terrain à creuser du côté des applications de découverte gamifiées : découvrir des lieux cachés pour collecter des points, etc. De façon générale, on ne s’en rend pas toujours compte mais toutes les applications grand public s’appuient sur des techniques de gamification, notamment afin de faire rester leurs utilisateurs plus longtemps. 

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