Selon une étude menée par Audencia, 94 % des Français seraient préoccupés par le sens au travail. Derrière cette expression, peuvent se cacher plusieurs enjeux : le besoin de cohérence avec nos valeurs et convictions, le besoin de se sentir utile, ou encore l’envie d’avoir un impact sur la société ou l’environnement. Un rapport publié par l’association de dirigeants Projet Sens détaillait l’année dernière que 43 % des actifs envisageaient de quitter leur emploi dans les deux ans pour un autre ayant plus de sens. Alors qu’en 1990, 60 % des actifs considéraient leur travail comme un élément très important dans leur vie, c’est seulement le cas pour un actif sur 5 en 2022. Comment les entreprises peuvent-elles alors redonner du sens au travail de leurs collaborateurs ?
Partager des valeurs fondamentales
Dans le monde civil comme dans les rangs de l’armée, fidéliser des collaborateurs repose d’abord sur le partage de valeurs communes. “Lors d’un recrutement, le principal dénominateur commun entre nous et nos candidats, ce sont les valeurs que nous partageons. Notre métier étant un véritable sacerdoce et impliquant parfois d’importants sacrifices, il est impératif que ces valeurs résonnent en eux pour donner du sens à leurs missions et créer un sentiment d’appartenance !”, explique le Lieutenant-colonel Arnaud Mouasso-Milla. “La plupart des candidats qui postulent au Resah (principal opérateur de mutualisation dans les achats publics, notamment auprès des hôpitaux) sont motivés par l’utilité de notre métier, qui contribue indirectement à sauver des vies. Les entreprises se doivent d’être à l’écoute de ce type de motivation”, ajoute Nathalie Boumendil.
Mais pour assurer une bonne compatibilité, le processus de recrutement doit être mené avec soin. “Pour éviter les erreurs de casting, il est important de respecter autant sa marque employeur que ses candidats, en présentant l’entreprise de façon honnête et transparente. A notre niveau, des soldats ambassadeurs prennent de leur temps libre pour raconter la réalité du terrain. Les évaluations cognitives, psychologiques et physiques que nous menons nous permettent parfois de déceler des vocations et des talents qui s’ignorent”, poursuit le Lieutenant-colonel Arnaud Mouasso-Milla. Enfin, fidéliser ses collaborateurs via des valeurs communes implique bien évidemment de les faire connaître, en interne comme en externe. “En interne, certaines entreprises font encore l’écueil de ne pas communiquer suffisamment sur leur stratégie et sur leur vision, ce qui nuit au sentiment d’appartenance”, ajoute Nathalie Boumendil.
Le rôle des managers
Donner du sens au travail de chaque collaborateur passe en grande partie par le rôle des managers, chargés de décliner la stratégie de l’entreprise au sein de leurs équipes. “Leur travail de coordination est clé car il donne des objectifs communs et transverses aux équipes. Leur permettre de comprendre quelle direction elles doivent suivre au quotidien, c’est déjà donner du sens à leurs missions. Nous avons tous besoin d’un cadre, et il n’y a rien de pire que de réaliser une tâche sans en comprendre les tenants et aboutissants !”, explique Nathalie Boumendil. “Les ordres venant des responsables permettent à chacun de s’imprégner d’un sens commun et global, qui donne du relief à leurs missions. Le sens se trouve avant tout à travers la notion d’utilité collective et de cohésion, qui transcendent beaucoup de choses”, ajoute le Lieutenant-colonel Arnaud Mouasso-Milla.
Enfin, la notion de reconnaissance et de proximité sont également fondamentales. “Un manager se doit d’être présent pour célébrer les réussites, reconnaître le chemin parcouru et remercier ses équipes, pour qu’elles puissent prendre conscience de l’impact de leurs actions. Avec la généralisation du télétravail, nous avons plus que jamais besoin de recréer du lien social, de créer une émulation collective”, analyse Nathalie Boumendil. Rester proche de ses équipes, c’est aussi un moyen de réduire les phénomènes comme le burn-out (surcharge de travail), le bore-out (sous-charge de travail et ennui professionnel) et la perte de sens. “Lorsque de tels cas se présentent, c’est que nous n’avons pas pris suffisamment soin les uns des autres”, avertit le Lieutenant-colonel Arnaud Mouasso-Milla. “Les managers doivent rester à l’écoute afin de sentir les premiers signes d’un malaise, et en parler tout de suite pour trouver des solutions, sans attendre le dernier moment ! Instaurer un climat de confiance et de transparence sans mettre le collaborateur à l’écart relève du courage managérial”, conclut Nathalie Boumendil.