Comment êtes-vous passé d’athlète olympique à entrepreneur ?
Chez moi, le sport est une histoire de famille puisque mon père a participé aux Jeux Olympiques de 1956 (Melbourne) et de 1960 (Rome) en athlétisme. Je suis né dans une maison située près d’un stade : autant dire que j’ai fait mes premiers pas dans la fosse de saut en longueur ! Après un déménagement dans les Alpes, je m’intéresse de plus près au ski alpin. En 1988, je tombe par hasard sur une annonce postée dans L’Equipe : la France était à la recherche d’une équipe nationale de bobsleigh pour la représenter aux prochains Jeux Olympiques. Je n’hésite pas à postuler et suis recruté ! Je vis les jeux d’Albertville en 1992 et de Nagano en 1998, puis me blesse. Je me tourne alors vers le rôle d’entraîneur pour jeunes sportifs, et y découvre une véritable passion : celle d’accompagner les autres à développer leur potentiel, afin d’atteindre leurs objectifs. J’ai ainsi pu mener plusieurs équipes aux JO en 2006, 2014 et 2022. Lors de cette dernière édition, l’équipe que je coachais, la Suisse, est devenue Championne Olympique, le Graal de tous les sportifs ! Ce qui m’a incité, après 26 ans de bobsleigh, à lancer ma propre entreprise, en m’inspirant du sport pour coacher les chefs d’entreprise. J’interviens lors de conférences, notamment en école de commerce, puis prends la direction de 2 campus étudiants à Nantes et à Rennes. Aujourd’hui, je coach aussi bien des managers, des dirigeants et des sportifs que des étudiants, afin de préparer la génération à venir !
En 2021, vous vous lanciez dans le podcast. Que vous apporte ce projet aujourd’hui ?
J’ai toujours été un grand auditeur de podcasts. Rapidement, j’ai eu envie d’interroger des invités autour de la thématique du sport, car beaucoup d’entre nous partagent cette passion fédératrice. Dans « L’entrepreneuriat, c’est du sport », chaque épisode est construit autour des 4 mêmes questions. Alors que j’ai récemment sorti le numéro 81, le résultat est toujours très différent ! Ce podcast n’est pas monétisé, mais c’est un vrai plaisir pour moi car il me permet de rencontrer des personnalités que je ne connaissais pas, et de découvrir des histoires touchantes et enrichissantes à chaque épisode. Parmi les entretiens qui m’ont le plus marqué, Henri Leconte, joueur de tennis français, et Caroline Fruchaud, fondatrice de l’entreprise Hostobox (box de cadeaux à offrir aux personnes hospitalisées). Une façon pour moi de voyager sans quitter mon bureau !
Quels rapprochements peut-on faire entre le monde du sport et celui de l’entrepreneuriat ?
Un athlète qui pratique un sport olympique dispose de 4 ans pour s’entraîner entre deux JO. Lorsque l’on crée une entreprise, les business plans sont souvent établis sur 3 ou 4 ans. Pour un étudiant de niveau Master, la durée moyenne d’études correspond également à ce laps de temps. Pendant ces années, tout l’enjeu est de garder une motivation constante et régulière, mais aussi de savoir s’entourer des bonnes personnes. Tout comme dans équipe sportive, pouvoir se reposer sur des figures de confiance est indispensable lorsqu’on lance son entreprise. Pourtant, peu de sportifs se doutent qu’ils pourraient exploiter de telles compétences en entreprise… et vice versa ! Entreprises et sportifs gagneraient beaucoup à échanger sur leurs méthodes respectives : quand on y réfléchit, se relever après un penalty raté ou rebondir après un rendez-vous de prospection raté ont beaucoup en commun. Dans les deux cas, il est nécessaire de prendre du recul sur l’analyse de nos erreurs et de nos succès.
Quelles qualités un entrepreneur pourrait envier à un sportif ?
Sa résilience d’abord, puisqu’après une défaite ou une chute, un sportif est exposé médiatiquement et doit être capable de rebondir. Sa gestion du stress ensuite, puisque que lors d’une compétition, un sportif est évalué sur l’instant T, peu importe combien d’heures il a passé à préparer ce moment. Dans une telle situation, perdre ses moyens peut tout compromettre. Et bien sûr, le fait de faire confiance aux membres de son équipe : en sport, il est inconcevable qu’un entraîneur aie du mal à déléguer, puisqu’il n’est pas maître des actions de ses athlètes sur le terrain. Mais par-dessus tout, la préparation reste la clé du succès : Abraham Lincoln disait d’ailleurs « Si j’avais 8h pour couper un arbre, je passerais 6h à me préparer ». C’est une phrase véridique, car nombreux sont les entrepreneurs qui se lancent sans se préparer suffisamment ! La clé est d’anticiper le maximum de scénarios possibles et de préparer une feuille de route adaptée à chacun. En bobsleigh par exemple, nous n’avons aucun moyen de communiquer entre nous une fois que nous sommes lancés sur la descente : c’est pourquoi tous nos gestes sont planifiés à l’avance. Réussir, ça se prépare !