ESG Lab & Society : l’intelligence collective au service de la transformation durable
A la fois communauté et lieu destiné à accélérer la transformation des organisations vers un modèle plus durable et responsable, l’ESG Lab & Society, lancé en début d’année, souhaite surtout promouvoir l’échange et la co-construction. Aurore Bardon, Présidente et Fondatrice, et Jacques Maigné, Président du Comité de mission, nous détaille cet ambitieux projet et la place prépondérante que va prendre l’ESG dans la stratégie des entreprises.
Comment vous êtes-vous lancés dans cette aventure ?
Aurore Bardon : Avocate en droit social, j’ai travaillé de nombreuses années dans l’industrie en particulier chez Hutchinson, la plus grosse filiale de TotalEnergies, où j’ai eu le plaisir, aux côtés de Jacques, de créer des lieux réunissant les gens pour qu’ils travaillent ensemble et créent des liens de confiance. Trois de ces espaces ont été inaugurés en France, aux USA et en Chine. J’ai ensuite rejoint la holding de TotalEnergies en tant que directrice des relations investisseurs ESG. Lorsque j’ai quitté le Groupe en 2020, j’ai voulu mettre à profit ces deux expériences et créer une communauté et un lieu qui puisse transformer les relations pour faire en sorte que les acteurs de l’écosystème ESG travaillent ensemble. D’où la création de l’ESG Lab & Society, aventure dans laquelle Jacques m’a rejoint dès le début.
Jacques Maigné : De mon côté, j’ai passé 32 ans chez Hutchinson et les 12 dernières en tant que Président et CEO. A ce titre, j’ai pleinement vécu l’évolution des méthodes de gouvernance et ces nouveaux critères qui sont progressivement apparus comme essentiels pour les entreprises. J’ai ainsi été confronté aux défis que les ETI et PME doivent relever en matière d’ESG et la façon dont elles doivent s’adapter à ces nouvelles contraintes. Lorsque j’ai pris ma retraite, Aurore m’a proposé de rejoindre cette belle aventure en tant que Président du Comité de Mission de l’ESG Lab & Society, proposition que j’ai immédiatement acceptée !
Quel rôle occupe aujourd’hui l’ESG dans la démarche de responsabilité des entreprises ?
AB : A l’origine, l’ESG est un acronyme utilisé par les analystes financiers pour mesurer la performance extra-financière d’une entreprise sur trois piliers : l’environnement, le social et la gouvernance. L’ESG permet en fait de mesurer concrètement l’impact des actions RSE d’une entreprise. Aujourd’hui, le sujet est celui de la création de valeur partagée : comment une entreprise peut-elle améliorer sa compétitivité tout en ayant un impact positif sur son environnement au sens large ? L’ESG est de plus en plus pris en considération par les entreprises avec notamment la fonction de Chief Sustainability Officer, idéalement intégrée au sein des Comités Exécutifs. L’ESG est un levier important pour accélérer la transformation vers un modèle plus durable, humain et respectueux, sans bien sûr perdre en compétitivité. Il s’agit d’une obligation non seulement d’un point de vue réglementaire mais également d’un point de vue financier pour conserver/attirer des investisseurs comme des talents et donner du sens notamment à nos jeunes.
JM : La RSE a longtemps été un champ de communication pour les entreprises. Cependant, il n’y avait pas de KPIs précis capables de mesurer l’impact de ces actions. C’est cette concrétisation qu’apporte l’ESG avec, toutefois, certains défis qui restent à relever comme la définition d’un référentiel commun à tous et la nécessité d’embarquer les investisseurs dans cette démarche. Il n’est pas encore naturel de faire cohabiter KPIs financiers traditionnels et KPIs ESG. Un changement de culture de l’actionnariat est donc nécessaire.
Quelle est l’ambition de l’ESG Lab & Society ?
AB : L’ESG Lab & Society est une société à mission. C’est une communauté qui aide ses membres à coconstruire des solutions, de façon concrète, en travaillant avec d’autres parties prenantes pour accélérer leur transformation. Investisseurs, banques, entreprises, ONG, membres de la société civile, experts : tous se réunissent pour un objectif commun. Car les entreprises ont besoin d’aide pour transformer leur stratégie avec l’ESG comme boussole. Via un système de membership, dans lequel on demande un engagement personnel du CEO, chaque membre pourra s’appuyer sur l’expérience des autres et d’experts pour avancer dans cette direction. Une approche originale, pragmatique et inédite qui se concrétise autour de petits comités qui réunissent des personnes avec des expertises complémentaires pour se benchmarker, partager des expériences, le tout dans un lieu confidentiel et neutre. Ce dernier critère est fondamental pour permettre à chacun de sortir de sa posture et d’échanger sur les vrais sujets.
JM : La formation est également au cœur des missions de l’ESG Lab & Society. Pour pouvoir agir, il faut mieux comprendre en profondeur les enjeux qui sont complexes notamment avec la réglementation européenne, et les sujets comme le climat, la biodiversité… L’ESG Lab & Society propose des formations pour les Conseils d’Administration et dirigeants pour comprendre, engager et avoir de l’impact.
Le cœur de l’action de l’ESG Lab & Society est de mettre en commun les forces vives de l’ESG. Cette dimension collective est-elle la clé pour promouvoir cet enjeu ?
JM : Il est essentiel d’être ensemble et c’est la meilleure façon pour que les PME et ETI intègrent ces questions dans leurs préoccupations, en les confrontant à des entreprises qui sont passées par le même chemin. En matière d’ESG, la co-construction est plus efficace que le simple consulting. Les avancées du monde économique passent avant tout par l’échange.
AB : Notre approche repose résolument sur cette démarche d’intelligence collective. L’ESG permet de donner du sens, d’engager l’ensemble de ses parties prenantes, de challenger sa stratégie et son business model, ce qui explique que de nombreuses entreprises travaillent sur ces sujets (en dehors des obligations réglementaires). Intégrer ces dimensions dans sa stratégie permet donner un cap à son entreprise.