Le marché des sneakers connaît bien ce phénomène : des paires de baskets en édition limitées achetées par des fans non pas pour être portées, mais revendues bien plus chères dans un second temps. En avril dernier c’est même à 1,8 million de dollars que s’est revendue une paire de Nike Air portée par le rappeur Kanye West, preuve que la spéculation n’est plus la chasse gardée des traders de Wall Street mais, désormais, à la portée de n’importe quel consommateur qui peut acquérir un bien et le revendre bien plus cher. Comme l’explique Béatrice Sutter, Directrice de la Rédaction de l’ADN : « Désormais, quand le quidam achète, il ne veut plus seulement jouir de son acquisition et n’entend plus seulement que sa voix compte. Il réclame carrément sa part du gâteau. Quand il achète, il entend que son bien prenne de la valeur et puisse lui rapporter avec le temps. Le consommateur s’hybride à nouveau. Mi-consommateur et mi-trader : un « conso’trader », en quelque sorte ».
Au-delà d’un véritable phénomène de société – on en est encore bien loin – les conso-traders illustrent une tendance de fond plus large : le rôle prépondérant que jouent désormais les particuliers dans l’économie, non plus en tant que simples consommateurs, mais comme acteurs économiques à part entière. Tour à tour acheteur, revendeur ou investisseur, chaque internaute peut désormais s’affranchir des entreprises et autres acteurs. L’essor de Vinted, de Twitch ou, plus récemment, de Roblox, comme l’explique Béatrice Sutter, sont tout autant de plateformes qui soulignent cette nouvelle économie. Et les marques ont intérêt à rester attentives car, comme le dit l’ADN « Le conso’trading fait partie de ce qu’on appelle l’économie participative. Dans ce modèle, on part du principe que les clients d’une marque, les fans d’un artiste et les membres d’une communauté sont le plus grand patrimoine financier des créateurs. À ce titre donc, ils méritent d’être associés, d’une manière ou d’une autre, à la réussite de la communauté ».