Cela faisait près de 10 ans qu’un réseau social ne faisait pas autant parler de lui : Clubhouse, plateforme de tables rondes audios où l’on discute d’entrepreneuriat, d’économie et de sujets de société est l’événement de ce début d’année. A l’origine réservé à un petit nombre d’initiés (il est nécessaire de recevoir l’invitation d’un membre pour l’intégrer), il est, au moment où s’écrivent ces lignes, déjà devenu « mainstream » avec deux millions d’utilisateurs : politiques, humoristes, journalistes, patrons du CAC 40 l’on déjà investi. Chaque salle de discussion est thématique et gérée par plusieurs modérateurs. Il est possible d’y écouter silencieusement les animateurs ou de se manifester si l’on souhaite prendre la parole.
Version digitale des salons parisiens du XIXème siècle, où les intellectuels de l’époque se réunissaient pour converser, Clubhouse est aussi symbolique d’une société dont les contacts réels ont été réduits à leurs stricts nécessaires. Mais là où les Zoom et autre Microsoft Teams laissent encore une place importante à l’image, avec des orateurs face caméra, le réseau social lancé en mars 2020 par Paul Davison et Rohan Seth se concentre uniquement sur la voix, média de l’intime par excellence. La plateforme elle-même n’est que très peu développée visuellement. La preuve que, dans une période de crise, l’oralité prend tout son sens. Mais Clubhouse survivra-t-il à la logique implacable qui veut qu’à peine un réseau social innovant naisse, les géants que sont Twitter Facebook s’emparent de cette nouvelle fonctionnalité ? Affaire à suivre d’autant que Marc Zuckerberg a déjà demandé à ses équipes de se pencher sur le sujet…