Créativité, m’entends-tu ?
L’année 2020 a-t-elle été une menace pour la créativité ? Si les crises peuvent constituer un terreau fertile pour l’innovation et la création, celle qui se joue depuis le mois de mars dernier, en limitant strictement nos contacts, va-t-elle au contraire avoir un impact sur les esprits créatifs ?
C’est une question qu’a récemment soulevée un article de Slate dans lequel deux architectes et une enseignante de design de l’Université d’Etat de New York s’alarment de l’impact des mesures de restrictions sociales sur la “perte collective de créativité”. Ces derniers expliquent que “Quand nous sommes privés des rencontres et des moments d’observation qui titillent notre curiosité, de nouvelles idées, petites ou grandes, restent dans les limbes”. Si cette vision quelque peu alarmante peut-être remise en question, notamment lorsque l’on voit à quel point certaines campagnes de 2020 ont fait preuve d’inventivité, elle permet du moins de soulever une question centrale : la créativité se nourrit-elle nécessairement d’échange, de partage, de contacts avec les autres ?
S’il n’existe pas de réponse absolue à cette question, chaque esprit puisant son inspiration où il l’entend, on est en droit de s’interroger sur le rôle que joue la relation avec l’autre sur la capacité à créer. Notamment dans un métier fondamentalement basé sur la relation comme la communication. Que l’on soit humoriste, peintre ou concepteur-rédacteur, l’esprit a sans nul doute besoin d’être stimulé. Et l’humain constitue encore ce moteur qui nous permet d’inventer, créer, séduire, convaincre… Un enjeu qui est au cœur des préoccupations du monde de la culture depuis le début de la crise sanitaire. Si la dimension économique cristallise bien logiquement les inquiétudes, certains artistes s’interrogent : sera-t-on toujours aussi capables de créer sans public, échanges, sourires, larmes échangés face à face ?