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Frédéric Mazzella : « Il nous faut promouvoir un véritable Made in France numérique »  

En quoi le confinement a-t-il été, comme vous l’expliquez dans l’édito de votre Plan de Redirection, « le plus grand moment de transformation numérique de l’histoire » ?

Les chiffres dressent un constat sans appel : le premier confinement a été l’occasion d’un bond en avant numérique inédit par son ampleur et sa rapidité. L’e-commerce a doublé, le télétravail a été multiplié par dix, les cyber-attaques par quatre. Surtout, dans beaucoup de situations, on a tenu grâce au numérique : on se parlait et on travaillait en visio, beaucoup de commerces digitalisaient leurs services pour continuer à toucher leurs clients. Des outils numériques ont aussi été au service de la réponse à la crise sanitaire, comme l’a prouvé la plateforme https://stopcovid19.fr/, lancée par Mirakl pour répartir les stocks d’équipements entre établissements de santé.

Alors que commence le deuxième confinement, le numérique est plus que jamais un levier majeur de résilience et de solidarité.

La crise du Covid a réaffirmé la nécessité pour la France de relocaliser certaines industries dans l’hexagone. Est-ce le cas également du numérique ? Peut-on imaginer demain un made in France du numérique ?

Cette accélération soudaine a révélé que nous étions en retard. Globalement, pendant le confinement, nous avons été dépendants de solutions numériques étrangères. Pourtant, tout comme pour notre industrie, il nous faut promouvoir un véritable Made in France numérique. Avoir des solutions numériques françaises est un gage d’emploi : 10 % des créations nettes d’emploi en France sont liées au numérique, c’est un réservoir d’emplois incroyable ! C’est aussi un levier de souveraineté technologique : un numérique façonné par nos valeurs sociales et environnementales fortes, c’est non seulement un moyen de mieux contrôler notre futur, mais c’est aussi un moyen de nous différencier sur l’échiquier mondial en tant que “nation responsable”, et de créer les emplois de demain sur cet axe porteur.

Ce made in France du numérique est déjà en route dans les usages de nos concitoyens : nos champions tels que Back Market, OVH, Doctolib ou BlaBlaCar sont utilisés chaque jour par des millions de Français et créent de l’emploi partout sur le territoire.

Quelles sont les pistes que propose France Digitale pour faire de la France le « HUB des start-ups numériques » ?

Ce sont les entrepreneurs qui bâtiront les belles entreprises de demain, mais des mesures structurelles leur faciliteront la tâche. Par exemple, nous appelons à utiliser la commande publique pour encourager les start-ups “made in France” et assurer la souveraineté technologique de la France. Alors que le projet de loi d’accélération et de simplification de l’action publique (Asap) prévoit de réserver une part minimale – non encore définie – des marchés globaux aux petites et moyennes entreprises, l’Etat doit saisir l’occasion de ce reconfinement pour adopter une politique d’achats publics innovante.

Une autre de nos propositions consiste à mieux former aux métiers du numérique, avec des dispositifs de formation souples.

En quoi le numérique peut-il répondre à la quête de sens des consommateurs ? 

Il y a en effet un tournant éco-responsable dans la consommation : on consomme moins, et on est plus attentif à l’impact de nos pratiques. Et les start-ups ont des réponses fortes à apporter à cette nouvelle quête de sens.

Quand BackvMarket et LeBonCoin nous font mieux (ré)utiliser nos produits, Ynsect commercialise le premier engrais naturel à base d’insectes homologué au monde. Et chaque année BlaBlaCar permet d’économiser l’équivalent de l’émission annuelle de CO2 d’une ville comme Paris : nos start-ups sont tech, et responsables !

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