Où étiez-vous lorsque l’incendie s’est déclaré ? Quel a été votre premier réflexe ?
Présent sur le parvis de Notre-Dame, j’étais aux premières loges lorsque les flammes se sont déclarées sur la toiture. Rapidement, la police est arrivée et a évacué toutes les personnes à proximité de la Cathédrale. Je me suis alors rendu au plus vite à la Préfecture de Police. C’est là que j’ai commencé à recevoir les premiers appels des journalistes.
Dans une situation pareille, comment traiter ces centaines de sollicitations ?
En temps normal, nous recevons entre 2 500 et 3 000 demandes de reportage dans la cathédrale chaque année. C’est un monument qui fascine. La semaine du 15 avril, en 5 jours, j’ai reçu près de 10 000 appels, 600 SMS et 1 500 mails. Sachant qu’il est impossible de répondre à toutes les sollicitations, il faut faire un tri. Dans un premier temps, on laisse de côté les demandes des proches et de la famille. Ensuite, j’ai privilégié les journalistes que je connaissais déjà et avec qui j’avais l’habitude d’échanger. Le premier média à m’avoir contacté a été TF1. Enfin, pour que notre message ait un poids et un impact sur le plus grand nombre, il faut sélectionner ceux qui concentrent une audience importante. Pour les demandes de médias étrangers, c’est le Directeur du Mécénat, Michel Picaud, qui a pris le relais.
Comment fait-on pour tenir un rythme aussi soutenu ?
Les premiers jours, il y a une adrénaline qui vous fait tenir : je n’ai pas dormi de la nuit de lundi à mardi. On ne s’arrête pas car on sait que l’on a une mission vis-à-vis du public. Il faut surtout faire la part des choses entre son propre ressenti – le choc de voir un tel monument en feu – et sa mission de communication. On fait le vide dans sa tête et l’on se concentre sur ce que l’on doit dire. Être seul à communiquer peut être une difficulté car on se charge de tout, mais c’est aussi une force car on maîtrise ainsi totalement notre parole.
Quels ont été les principaux enjeux de cette communication ?
Dans ce genre d’événements, les fausses informations se propagent à une vitesse exponentielle. Certains journalistes ont de plus accès à des informations soit que l’on n’a pas, soit que l’on ne souhaite pas communiquer. Les premiers jours par exemple, un salarié de la Cathédrale avait déclaré à un média que le grand orgue avait brûlé, ce qui était absolument faux. Mon objectif est alors simple : rétablir la vérité. Pour ce faire, j’ai travaillé de concert avec le service Checknews de Libération (dont nous vous parlions dans un précédent article) qui a fait un travail remarquable pour démêler le vrai du faux. Dès que je recevais l’un de leur mail, je le traitais en priorité. Nous avons ainsi pu répondre rapidement aux questions du public.
Quelle a été votre stratégie sur les réseaux sociaux ?
En étant sans cesse sollicité par les journalistes, je n’avais pas le temps de regarder les réseaux sociaux. Certaines personnes nous l’ont d’ailleurs un peu reproché. Mais, avec le recul, je suis satisfait de cette prudence que nous avons déployée sur internet : à quoi bon publier des photos que l’on voit partout ? Pourquoi bombarder d’informations ? Nous avons fait le choix de sélectionner les médias et de nous concentrer sur notre message plutôt que de nous disperser.
Quelles sont vos prochaines échéances en tant que Directeur de Communication de la Cathédrale ?
Ce qui nous importe avant tout est le sort des salariés qui ont tous été profondément choqués et attristés par ce tragique incendie. Nous allons nous mobiliser pour qu’ils soient accompagnés et aidés durant cette épreuve. Côté communication, j’ai entrepris de poster une photo toutes les semaines sur nos réseaux sociaux : l’installation de l’échafaudage, les 130 compagnons mobilisés pour la reconstruction… On sait que l’intérêt des médias et du public décroît avec le temps. Nous voulons donc nous installer dans la régularité, et organiser des événements pour continuer à faire vivre la Cathédrale.