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Le Slow Media, un papier nommé désir

Avant, il se dansait. Aujourd’hui, il se vit. Le « slow » gagne du terrain, doucement mais sûrement, comme les valeurs qu’il incarne. À force de vouloir tuer le temps sans y parvenir, on a fini par le considérer non plus comme un ennemi, mais comme un allié rassurant, gage de qualité dans nos réalisations quotidiennes. Le Québec a lancé la Journée internationale de la lenteur, qui a lieu tous les 21 juin. On ne présente plus la Slow Food, qui promeut une cuisine qui se laisse goûter et un retour aux produits du terroir qu’on laisse pousser à leur rythme et selon les saisons. Désormais, c’est aussi l’écriture qui choisit de prendre son temps. Un temps réfléchi, synonyme d’information vérifiée et analysée.

En France, certaines publications ont réussi à se faire un nom en adoptant le slow media. XXI en est l’exemple le plus connu. Trimestriel fait de reportages léchés et d’illustrations variées, le magazine se vend à 50 000 exemplaires en moyenne. Et la revue existe déjà depuis 2008 ! En 2010, un manifeste du slow media fait son apparition sur un site allemand. Son but : théoriser les principes du mouvement et définir sa vocation. Il a aussitôt été repris dans de nombreux médias.

Slow Media : recréer l’attente

Avec l’avènement d’internet, où l’on peut tout trouver tout de suite, revenir à des productions espacées, qui ne sont pas faites en deux temps trois mouvements, c’est parier sur la puissance de l’attente. Attendre la mise en ligne d’un article ou l’arrivée dans les kiosques d’un magazine, c’est avoir le temps de faire grandir le désir de les lire. Désir qui participe au plaisir de la lecture. Un peu comme le jour de Noël pour les enfants, qui leur paraît si loin en été, mais qui sont fébriles et ravis de l’avoir attendu si longtemps au moment de l’ouverture des cadeaux.

Le temps, c’est de l’argent

Mais qui dit prendre son temps dit augmentation de la valeur marchande du produit fini. Devant ce constat, l’ex rédactrice en chef du New York Times, Jill Abramson, a fait un pari audacieux : publier un seul article par mois, écrit par un journaliste qui touchera la modique somme de 100 000 dollars pour ce faire. Son projet n’a pas encore vu le jour, mais il illustre bien le retour au slow et au prix que vaut une production de qualité. De grandes personnalités des médias qui se jettent dans la recherche d’un temps perdu, c’est le signe d’un temps qui ne veut plus courir, mais marcher à petits pas, le nez en l’air, à observer tout ce qui l’entoure. A croire qu’on ne dansera pas tout de suite le dernier slow.

 

Maxime Froissant , rédacteur en chef chez Merci Alfred, nous fait le topo sur le slow media.

« Merci Alfred se positionne autour du slow media avec ses “Topos”, articles préparés avec soin sur des sujets de fond. La première édition a remporté un énorme succès. 200 000 visiteurs uniques qui ont passé en moyenne 9 minutes sur l’article et 1 000 mails d’encouragements reçus.

C’est un format qui marche très bien aux États-Unis, mais qui est pour l’instant peu répandu en France. Avec les “Topos”, nous avons fait le pari d’attirer nos lecteurs vers des sujets scientifiques traités sur un style léger et vivant. Avec le bon ton, on peut parler de tout en restant intéressant. Cela permet de créer une respiration au milieu de l’abondance des contenus qu’on trouve sur le net. Et c’est aussi une autre façon de fidéliser le lecteur, en lui offrant un moment rare et précieux, un instant de luxe (car le slow media coûte cher à produire). Les “Topos” viennent nourrir la relation que notre média entretient avec ses lecteurs, en variant les contenus et en explorant d’autres horizons. Une aventure pleine de promesses ! »

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