Quelle est l’origine de votre dernier roman, « Une fille comme elle », sorti en juin dernier ?
Une histoire a souvent plusieurs points de départ. Celle-ci a commencé à germer il y a quelques années lorsque, en rendant visite à des amis à New York, je suis monté dans l’un des derniers ascenseurs mécaniques de la ville, manœuvré par un liftier. C’est alors que je me suis dit « Cet homme qui est dans la pénombre, dont on ne connaît rien, sait tout de nous ». Un personnage hautement romanesque ! L’idée d’en faire le protagoniste d’une histoire m’a tout de suite semblé évidente. Ensuite, l’évolution de la vie politique et sociale aux Etats-Unis, pays où je vis, m’a donné envie d’écrire un livre sur la différence et sur une valeur que je trouve aujourd’hui très stigmatisée : la bienveillance.
Comment faites-vous pour embarquer le lecteur dès les premières lignes de vos romans ?
Pour paraphraser Socrate je dirais que « Je sais que je n’en sais rien ». La seule chose dont je suis sûr, c’est qu’un roman c’est avant tout une rencontre entre un lecteur et une histoire qu’il s’approprie. Pourquoi James Bond est universel ? C’est un personnage hautement improbable, mais son humanité et les valeurs qu’il incarne nous font tous rêver. Il est capable de transcender vos croyances, votre éducation, et de parler à tout le monde. Voilà la force d’une histoire : incarner des valeurs fortes pour embarquer le lecteur avec soi.
« La vie a cent fois plus d’idées que tous les auteurs du monde réunis »
D’où vous vient votre inspiration ?
Être écrivain demande d’aimer observer et écouter la vie. C’est une source d’inspiration permanente, pratiquement inaltérable. Lorsque l’on parle de l’angoisse de la page blanche, je dis qu’il n’y a pas de meilleur remède que d’aller se promener dans la rue. La vie a cent fois plus d’idées que tous les auteurs du monde réunis.
Quelle est l’origine de cette passion pour le story-telling ?
Je pense que cela vient des interdits de l’enfance. J’ai grandi à une époque où lorsque l’on voulait tenter quelque chose de nouveau on s’entendait dire que c’était impossible. A cette époque, pour convaincre, il fallait savoir raconter une histoire. C’est toujours le cas aujourd’hui, mais la révolution numérique a fait voler en éclat nos certitudes sur l’avenir et nos mentalités ont évolué.
J’ai également été très inspiré par les auteurs feuilletonistes français du XVIIIe et XIXe siècle ainsi que par les auteurs anglo-saxons du XXème comme Kerouac, Salinger, ou Stephen King. Toute la magie d’un roman, ou d’une fiction plus généralement, réside dans le fait de se retrouver dans la peau d’un personnage qu’on ne connait pas, qui ne nous ressemble pas, mais duquel on se sent proche. Pourquoi Taxi Driver est un film culte ? Parce que personne ne ressemble à De Niro, mais tout le monde parvient quand même à être entrainé dans sa folie.
Quel(s) conseil(s) pourriez-vous donner aux jeunes écrivains qui, eux aussi, veulent se lancer dans l’écriture ?
Surtout de n’en écouter aucun ! Mais l’idée la plus sincère que je pourrais partager avec eux est la suivante : consacrez-vous à 100% à l’écriture et pas à la publication. Beaucoup de jeunes auteurs pensent qu’ils veulent écrire, alors qu’ils veulent avant tout être publiés. N’écrivez pas pour être publiés. Ecrivez pour être lus, pour raconter des histoires, dans une confidence absolue. C’est ainsi que vous saurez trouver votre public.