On se souvient de lui devant le traditionnel fond bleu ITélé. Olivier Ravanello ex-journaliste Itélé revient sur le devant de scène, avec une nouvelle démarche journalistique très prometteuse. Au moment de la crise ITélé, c’est entouré d’une cinquantaine de journalistes qu’Olivier Ravanello, qui fut également Président de la Société des Journalistes de l’ex-chaîne rebondit et créé Explicite, le nouveau média d’information sur les réseaux. Explications.
Explicite est une aventure collective qui s’impose sur les réseaux sociaux. Quelle est la stratégie éditoriale de ce nouveau media ?
« On constate une baisse de confiance terrible dans les médias. Le dernier baromètre La Croix (ndlr : baromètre annuel « La Croix » Kantar Sofres/Kantar Média sur la confiance dans les médias) le confirme, nous sommes face à un effet de ciseaux, avec une consommation dédiée aux supports qui est de plus en plus importante et en même temps un sentiment d’insatisfaction, de doute et de non fiabilité de ce que les Français peuvent voir. C’est à partir de ce constat que nous, journalistes professionnels, avons décidé d’investir le champ des nouveaux supports, qu’il s’agisse des réseaux sociaux ou de tout ce qui relève du contenu qu’on consulte de manière nomade sur un téléphone ou sur un Smartphone pour donner de l’information.
Cela ne veut pas dire qu’on va donner une information fracassante. Cela ne veut pas dire non plus qu’on a la prétention de révolutionner le métier. Cela veut dire que l’on produit du contenu immédiatement identifiable comme du contenu informatif sur les réseaux et sur les nouveaux supports et surtout que l’on veut redonner confiance aux gens dans les médias.
Créer du lien, en s’appuyant sur notre communauté qui aujourd’hui est de 70 000 personnes et qui n’arrête pas de grandir. Dire qu’on est là, vous savez qui on est, vous savez ce qu’on a fait, ce qu’on est capable de faire. On répond à vos questions, on maintient le dialogue en permanence, on est transparents et on va à la rencontre des gens.
On est parti, par exemple, la semaine dernière dans les Ardennes. On a le sentiment que l’on n’entend pas assez la voix des Français. On l’entend mal, de manière tronquée et sur des formats où les gens n’ont que 20 secondes pour s’exprimer. Nous allons à la rencontre de ces gens. On les écoute. Dimanche dernier (ndlr : dimanche 5 mars) on était en live pendant 2 heures dans la manifestation de soutien de François Fillon mais aussi au même moment et toujours live dans la manifestation à République qui s’organisait contre François Fillon. On a posé des questions dans chaque camp et on a essayé de comprendre les deux. Nous ne sommes pas un média militant ou partisan, nous essayons de faire comprendre. Faire comprendre l’actu ça veut dire faire des encadrés qui donnent des grilles de lecture, et c’est là où une expertise journalistique peut être utile. C’est une manière de travailler et puis surtout c’est une démarche d’honnêteté intellectuelle. On va au-devant des gens et on essaye de comprendre. Je dirais que la stratégie éditoriale d’Explicite répond finalement à une attente ou plutôt à un défi qui est celui de notre démocratie. »
Quel est votre business modèle ?
« Le business modèle à l’instant T, ce sont les moyens qu’on a réussi à soulever grâce à un crowdfunding. On a proposé aux gens qui croyaient à cette expérience éditoriale de lui donner une première impulsion pour qu’elle puisse vivre au moins quelques mois, et pendant ces quelques mois faire la démonstration de tout ce que le champ et cette liberté qu’on a sur les nouveaux supports peut permettre de faire journalistiquement, pour ensuite passer sur la base d’un business modèle qui, ce n’est pas un secret et ça parait assez logique, devrait aller vers du Freenium. Je suis convaincu qu’il faut qu’on s’interroge tous collectivement sur le prix de l’information. Une information gratuite ne peut pas être une bonne information si elle n’est pas financée par quelque chose. Donc la question c’est de savoir qui la financera. Contrairement à Brut (média gratuit) notre cible est sans doute plus restreinte mais plus exigeante. Elle sera prête j’en suis sûr à payer un abonnement pour avoir certains contenus d’Explicite. »
Vous dites dans la vidéo de présentation être une cinquantaine de journalistes à avoir repris votre liberté. C’est-à-dire ?
« On s’est affranchi de la contrainte des formats et de la contrainte de la structure. Quand Sonia Chironi est place de la République, elle va à la rencontre des gens très naturellement et comme elle est naturellement dans la vie. Quand vous êtes sur un plateau de télé ce n’est pas la même chose, quand vous êtes en train de faire un duplex ce n’est pas la même chose, et les gens le perçoivent, il y a une distanciation qui est formelle, qui fait que cette information délivrée n’arrive pas à satisfaire tout le monde. Ce public qui commence à se détourner des médias traditionnels, doit pouvoir trouver quelque chose qui soit fait par des professionnels mais avec une démarche et peut être un ton un peu différent, plus transparent, plus humble, plus sincère, plus direct. C’est plus une démarche plus qu’un résultat. »
Est-ce que Explicite est à l’origine d’une nouvelle forme d’information ?
« On verra dans deux ans. »
A qui s’adresse votre journal ?
« Explicite s’adresse à ceux qui se sentent submergés par l’info, qui ont envie de reprendre la main dessus, qui ont envie quand ils voient passer des infos sur le fil Twitter d’avoir un endroit où on leur donne des clés de lecture. Notre média s’adresse aussi à ceux qui ont envie qu’on aille faire des « live », qu’on donne la parole à des gens régulièrement sur ce qui ne fait pas forcément la une de l’actu. Notre public a envie de reprendre la maitrise de sa consommation d’information, et il peut avoir 60 ans comme il peut en avoir 25. »
Un premier bilan à partager ?
« Explicite c’est plus d’un million et demi de vues, 70 000 followers. C’est un média qui est déjà identifié partout comme un véritable média. C’est aussi une équipe journalistique qui est capable de proposer et d’organiser l’un des débats de la présidentielle avec des candidats qui répondent présents. Ce sont plus de 2 400 personnes qui ont accepté de nous soutenir financièrement et qui soutiennent notre démarche. Le bilan c’est celui-ci. Une initiative qui arrive au bon moment au bon endroit et qui rencontre une adhésion très forte. »