Imaginez. Vous marchez dans la rue. D’un coup vous entendez ce sifflement très particulier qui émane de la poche de celui ou celle que vous croisez. Instantanément vous reconnaissez ce son, et vous savez que la personne a reçu une notification whatsapp. Mieux, si vous entendez le très singulier « Ding », vous savez que la personne a un iphone, donc vous reconnaissez que c’est un Apple, bravo. Un seul son vous a permis de tout comprendre. Bienvenue dans la tendance qui perdure depuis quelques années, le design sonore. On a déniché pour vous les tendances en la matière.
Le langage sonore d’une marque on connait. Mais avons-nous conscience qu’il est partout autour de nous : du bip de fermeture des portes de métro que même mon fils de 2 ans et demi reconnait, à l’audio logo de la SNCF ou encore le son du moteur de la Harley Davidson très cher aux afficionados. D’ailleurs les services R&D des industries automobiles n’hésitent plus à plancher pour obtenir des rendus sonores uniques.
Le son donne de la valeur. Alors la portière et le coffre d’une voiture ont la même intensité et sont en harmonie sonore parce que justement cela renforce la notion de valeur de la voiture. Autre exemple, le bâton de rouge à lèvres. Pour être (ou paraitre) parfait, il doit respecter le « non son ». Le glissement, le frottement. La qualité même du bâton de rouge à lèvre est suggérée à travers son design sonore. Au moment où on le referme la problématique est différente, il faut avec le « clic » de fermeture rassurer Madame sur la sécurité du rouge à lèvre. La promesse qu’il ne s’ouvrira pas dans le sac.
Le design ou marketing sonore joue également beaucoup avec la mémoire. Le lien entretenu par le son avec notre mémoire se passe d’argumentation, il parle de lui-même: une bouteille d’eau de Cologne sans ce son crissant du bouchon de verre qui se dévisse par exemple. Autre tendance, le design sonore n’est désormais plus cantonné à l’objet. L’architecture s’en mêle. En effet, l’impact psycho-somatique des sons de notre quotidien est prouvé. Le docteur Leguouix, spécialiste de la Neurophysiologie de l’audition au CNRS est formel : « on parle beaucoup de la nuisance des bruits et […] on considère rarement la nécessité d’une certaine ambiance sonore. Ceci pourrait constituer des voies de recherches intéressantes […]. Il est infiniment probable que la privation totale de son provoque des inconvénients au niveau cortical ». Tiens donc, le silence, une nuisance au même titre que le bruit ?
La gare du Nord expérimente le design sonore à travers un projet unique. Acousticiens et architectes ont travaillé conjointement à l’association du confort visuel et sonore. Trois zones sont définies dans les couloirs du métro de la gare : une zone aux parois en bois pour atténuer les bruits, une zone de béton pour faire émerger les sons, et une zone beaucoup plus confinée pour inciter à la lecture ou à la discussion à voix basse. L’objectif est simple : créer des espaces sonores différenciés afin d’éviter la sensation d’enfermement et favoriser la « variabilité », comme le ferait la lumière aux différentes heures de la journée.
Du design sonore fonctionnel au design sonore émotionnel, il n’y a que quelques secondes, ou plutôt quelques tic tac, tic-tac,…