• 6 juin 2016
  • 3  min

Mash up, le mélange des genres

Littéralement, « mash up » signifie faire de la purée. Un terme adopté pour désigner une sorte de mouvance artistique, qui consiste à assembler des morceaux d’œuvres existantes (films, musiques, photos, etc) pour en créer une nouvelle. Un art du recyclage qui donne parfois des résultats psychédéliques.

Par Ségolène Mathis, agence analogue

L’un des plus grands succès de mashup est la vidéo créée par le réalisateur et monteur Antonio Maria Da Silva, « Hell’s Club ». Tom Cruise de « Cocktail » y croise Tom Cruise de « Collatéral » ; Ewan Mc Gregor de « Star Wars » y aperçoit Ewan Mc Gregor de « Trainspotting », etc. Une vidéo vue plus de 6 millions de fois, du jamais vu pour une œuvre en mashup. Autre réussite du genre : « Hollywood Burn », dans lequel pas moins de 300 films américains sont joyeusement mixés. Devant l’ampleur du phénomène, un réalisateur, Julien Lahmi, a décidé de créer un site internet dédié à ce domaine, construit comme une encyclopédie participative, mashupcinema.com. On y apprend plein de choses sur le sujet, des origines à l’actualité, en passant par des interviews de personnalités.
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Hollywood Burn (trailer), 2006 from Soda_Jerk on Vimeo.

 

Un art millénaire ?

A bien y réfléchir, le mashup est une pratique ancienne. S’inspirer de créations existantes, en extraire certaines parties pour recréer quelque chose de nouveau, c’est vieux comme le monde. Prenez l’architecture et ses évolutions au fil des siècles, celle de la Renaissance plus particulièrement. Colonnades grecques y supportent chapiteaux gothiques, eux-mêmes soutenant des voûtes romanes. Un bel exemple de recyclage qui a fini par créer un style bien défini, propre à une époque. Et que dire des collages prisés par les grands maîtres du surréalisme ? Jean Dubuffet notamment a beaucoup utilisé ce format d’expression : des papillons collés sur un tableau finissent par former un profil à la Arcimboldo. Mais le véritable tournant dans l’histoire du mashup, c’est l’explosion des plateformes de partage comme Youtube ou Dailymotion, et l’accès démocratisé à des logiciels de montage. Novice, amateur, pro, chacun à son niveau est capable de faire du mashup aujourd’hui.

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De gauche à droite : Arcimboldo (1), Tony Futura (2,3,4)

Le 8ème art

Du coup, d’autres secteurs s’en sont emparés. L’humour se décline désormais en mashup, surtout lorsque le grand découvreur de formats frais et novateurs (alias Canal Plus) lui a fait une place à l’antenne. La mode aussi n’est pas en reste : on ne crée plus de nouveaux styles, mais on en assemble certains pour un résultat parfois détonnant. Le dernier défilé Chanel l’a prouvé : des mannequins vêtues de l’iconique tailleur tweed arpentaient le catwalk, le visage camouflé sous un masque de robot futuriste. Ou quand un héritage mode épouse Mr Robot… La peinture aussi en prend pour son grade : l’artiste Tony Futura s’est amusé à revisiter le célèbre « Cri » d’Edvard Munch. Sur la toile « mashupée », c’est le visage iconique de l’acteur Macaulay Culkin qui jette désormais un cri. L’artiste a appliqué le même principe au si connu tableau de Grant Wood, « American Gothic ». Les deux époux présents au premier plan sont remplacés par … les Kardashian-West. Une chose est sûre : voilà un art qui ne « mashe » pas ses mots !

 

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