Nathalie Decoster, Voyage dans le temps
Sculptrice de bronze à la chevelure d’or, Nathalie Decoster est une artiste internationale dont le temps est précieux. Dans ses œuvres exposées aux quatre coins de la planète et dans les plus beaux endroits sur terre, elle en a fait son meilleur allié.
par Corinne Peronne, directrice de l’agence analogue
L’homme et le temps constituent un leitmotiv dans votre œuvre. D’où vous vient cette inspiration ?
Comme toute personne active de la société moderne et en dépit de tous mes efforts, j’étais toujours en retard. J’avais une relation au temps qui me conduisait à voir une vie en état de stress permanent. En faisant un travail profond sur le sujet, j’ai beaucoup progressé et gagné en sérénité. J’ai appris à prendre rendez vous avec moi-même, à poser des limites aux gloutons de temps et à m’en accorder sans culpabilité.
Le cercle, le cycle, la roue, l’horloge… Est-ce votre ligne artistique pour le représenter ?
Les symboles, développés dans ma sculpture, sont des codes d’accès à la sérénité et des hommages au temps. Le cercle, figure récurrente dans mon œuvre, représente le temps dans lequel chacun évolue et avance. C’est ainsi qu’est né mon symbole le temps qui passe représentant un personnage qui avance à grands pas, à l’intérieur du cercle. Le temps passe, l’homme avance vers la sagesse… Pour moi, le temps n’est pas un instrument de torture mais un instrument de mesure de la vie qui s’écoule. J’ai d’ailleurs réalisé des œuvres appelées mécaniques du temps en utilisant des rouages, en référence à sa mesure.
Vous avez réalisé le trophée Jaeger-LeCoultre Glory, remis au maître italien de cinéma Ettore Scola à l’occasion du Festival international du film de Venise en 2013. Que vous a inspiré cette collaboration avec un grand maître du temps ?
Jaeger-LeCoultre avec qui j’ai le plaisir de travailler depuis de longues années m’a demandé de créer une œuvre qui récompense des grands cinéastes.
Je suis comblée que ces trophées entrent dans l’intimité de grands talents comme Ettore Scola et Agnès Varda.
Votre œuvre ne dégage pas toujours une vision optimiste du temps. La rencontre dans le temps et Le prisonnier du temps sont aux antipodes.
Mon œuvre La rencontre dans le temps exprime la question du bon ou mauvais timing qui va déterminer une rencontre et qui peut bouleverser notre vie, à condition d’être en observation et disponibilité pour l’autre. Le prisonnier du temps est celui qui le subit en panique, comme moi avant.
S’il travaille sur lui-même, il finira par sauter avec ceux qui jouent avec le temps (négociation, réflexion, séduction, etc.) et par le vivre avec une grande liberté.
Le bronze, l’acier, l’inox sont vos matériaux de prédilection. Sont-ils vos meilleurs alliés (ou alliages) pour figer le temps pour l’éternité ?
Il est vrai que les matériaux que j’utilise sont pérennes et se transmettent de génération en génération, tout comme mes messages universels sur la condition humaine.