Il n’y a pas si longtemps, l’écran souple n’avait sa place que dans l’imaginaire des scientifiques. Aujourd’hui il se modèle une réalité bien plus concrète…
par @nalogue
Plier son ordinateur en quatre et l’emporter partout avec soi au fond de sa poche, voilà qui ressemblait à de la science-fiction il y a encore une douzaine d’années. Grâce aux progrès de la recherche et du développement, la réalité de l’écran tactile devient tangible et avec Fujitsu, elle est même pliée ! L’industriel japonais a imaginé un ordinateur de poche, baptisé le Flexbook, qui se forme en fonction d’une utilisation « ordinateur », « tablette » ou « liseuse ». En plus d’être utile, cet appareil pliable avec son écran de 21.9 pouces et son clavier flexible joue les couleurs et les textures interchangeables avec sa coque caméléon. Son design, inspiré de l’origami, est signé Hao-Chun Huang.
Un autre géant nippon, Sony pour ne pas le citer, a également conçu un portable à écran et clavier flexibles en s’appuyant sur la technologie OLED (Organic Light-Emitting Diode). Mesurant 1 ou 2 mm d’épaisseur, il affiche une très bonne luminosité et joue clairement le contraste. La marque a même produit un ordinateur flexible avec un écran tactile OLED, Nextep, qui se cheville au poignet. Multifonctions, il projette des hologrammes, se connecte aux réseaux sociaux, se convertit à la réalité augmentée. L’arrivée de cet ordinateur-bracelet, imaginé par Hiromi Kiriki, est prévu sur le marché en 2020. Toujours dans la même veine, et depuis qu’Apple a buzzé autour de son iWatch, Sony a présenté sa montre connectée avec écran flexible. Limbo – c’est son nom – a toutes les fonctionnalités d’un Smartphone sous Androïd et a plutôt une allure sportive avec son bracelet en velcro.
Le point noir de l’e-Ink
Si à l’Est, il y a du nouveau, c’est à l’Ouest que l’aventure de l’écran flexible a bel et bien démarré. En 2000, Philips a mis au point un tout petit écran utilisant des transistors en plastique plutôt que le silicium utilisé habituellement. En 2004, les chercheurs du groupe hollandais créent le premier prototype industrialisable. Cet écran, enroulable dans un tube de 2 centimètres de diamètre, peut reproduire une image N&B, composée de 80 000 pixels sur 12 cm de diagonale. Sa technologie d’affichage utilise « l’encre électronique » ou E-ink. Même si elle ne permet pas de lire les vidéos, cette dernière ne nécessite pas de rétro-éclairage, laisse une image affichée sans utiliser d’énergie et reçoit la lumière ambiante de la même façon que le papier pour un confort visuel optimal. L’encre électronique parfaitement adaptée à la lecture prolongée, la technologie de l’écran flexible a constitué une opportunité rapidement saisie et exploitée sur le marché des « liseuses » ou des livres électroniques. En effet, la flexibilité, la manipulation, le rangement et le transport de l’écran permettent de se rapprocher de la prise en main d’un véritable livre. Les premières liseuses flexibles ont d’ailleurs fait leur apparition en avril dernier avec LG et sa Flex One. Cet appareil souple et le plus léger du marché (110 grammes) était équipé d’un écran flexible, permettant uniquement de lire du texte ou de visualiser des images N&B fixes. Cependant sa production a déjà été abandonnée, le fabricant russe Wexler ayant rencontré des problèmes dès son démarrage et n’ayant pu répondre à la demande. La rigidité des composants, comme la batterie, n’autorisait de toute façon qu’une flexibilité limitée.
Olé OLED !
La technologie OLED, celle des diodes électroluminescentes organiques, est vite apparue comme une alternative à l’E-ink. Produisant leur propre lumière, ces diodes permettent d’excellents contrastes, un rendu des couleurs satisfaisant, un temps de réponse rapide et la gestion de vidéos. Brevetée par Kodak en 1987, utilisée depuis 1997 pour les affichages de petite taille et plus récemment, dans le développement des écrans flexibles, cette technologie est vouée à remplacer les affichages LCD et Plasma. De plus, son coût de fabrication est plus rentable que celui d’autres technologies d’affichage. Le seul bémol à ajouter à ce tableau idyllique : la durée de vie des diodes, encore limitée.
En dépit de ces limites (surmontables), l’écran flexible semble bien parti pour devenir une des technologies les plus courantes de demain. Economique, plus solide, plus pratique et moins énergivore, l’écran flexible est voué à remplacer nos écrans en verre, dans tous les domaines ou presque : ordinateurs, téléphonie mobile, consoles de jeu… Hewlett Packard, Samsung, Nokia, Nintendo… se sont lancés dans la course. Mais de nombreuses autres applications peuvent être imaginées à terme, comme de l’affichage sur les vêtements.
S’il reste du chemin à parcourir pour fabriquer un ordinateur pliable, les technologies liées à l’écran flexible ouvrent la voie à des outils et des technologies plus simples, accessibles et proches de chacun.
Sources