La génération Z est ultra-connectée… au passé
La génération Z est la première génération née après la révolution Internet et l’avènement des médias sociaux. Elle est ainsi par essence connectée. Elle vit, respire et pense avec et à travers la technologie. Une récente étude prouve, s’il en était besoin, leur addiction aux réseaux sociaux.
Génération Numérique, une association spécialisée dans les problématiques liées aux usages numériques et à l’éducation aux médias, a mené une enquête, réalisée en janvier 2016, auprès de 6451 élèves âgés de 11 à 18 ans. Les résultats, loin d’être surprenants, ont le mérite d’être, au regard du panel, une véritable source d’information sur l’utilisation des réseaux sociaux par les ados.
On apprend qu’ils ont un usage quotidien d’Internet, se connectant pour une large majorité plus de 10 fois par jour. Avec des sessions qui sont très longues – plus de 2 heures dans la journée pour 57 % des sondés. Si le réseau social préféré évolue en fonction du sexe et de l’âge, ils sont plus de 7 adolescents sur 10 à être membres d’au moins un réseau social. Les réseaux préférés des 11-14 ans sont Snapchat et Instagram. Facebook reste celui des 15-18 ans. Le réseau préféré des filles est Snapchat, pour lequel près de 8 filles sur dix possèdent un compte contre 63, 4 % chez les garçons.
Pour aller plus loin dans la compréhension de ces usages, il est indispensable de consulter cet article paru dans le journal Le Monde qui se faisait l’écho du travail réalisé sur la vie des ados sur le web par Danah Boyd, chercheuse chez Microsoft Research et professeur associé à l’université de Yale. L’un des enseignements essentiels est le fait que, malgré ce que peut penser Marc Zuckeberg, la vie privée est toujours une norme sociale. Comme l’explique Danah Boyd : « les jeunes sont obsédés par leur vie privée. Ils veulent avoir le contrôle de leur vie sociale à tous les niveaux, assure la chercheuse. Leur préoccupation majeure est de pouvoir se construire librement, sans avoir leurs parents sur le dos. Alors ils apprennent à maîtriser les paramètres de confidentialité des services qu’ils utilisent, même s’ils sont compliqués. Ou alors, ils les détournent en se créant des faux profils avec des pseudos. » C’est cette volonté de contrôle qui les poussent vers de nouveaux terrains de socialisation où l’éphémère est préféré au permanent. Ils ont même deux vies numériques. Une pour les amis où les échanges deviennent périssables. Et une autre, conscients que ces écrits restent, où ils partagent des propos plus travaillés. Etant nés avec ces réseaux, ils sont de fait plus matures dans leur utilisation.
C’est cette maturité qui est intéressante et qui est l’objet de l’article. Au-delà d’adopter un comportement digital sagace, la génération Z semble être raisonnable dans tous les pans de leur vie. Une étude menée chaque année par le gouvernement américain tend à prouver cette réalité. Depuis 1991, le gouvernement publie Youth Risk Behavior Surveillance System, un panorama des comportements à risque des ados. Grâce à une appli développée par VOX, il est donc possible de constater le sérieux de cette génération. En fonction de l’année de naissance, il faut être né après 1972 pour pouvoir comparer. Le site met en relation les statistiques de l’époque et celle de la génération Z. Voilà ce que cela donne pour quelqu’un né en 1985 :
Cette étude et ce parallèle ne donnent que plus de corps et de résonnance à l’article du New York Times, publié en septembre dernier, qui compare la génération Z à la génération silencieuse, celle de l’entre-deux guerres. En effet, comme elle, la génération Z a connu la crise. Comme elle, la génération Z ne désire pas changer le système mais au contraire évoluer en son sein. Comme elle, la génération Z désire plus que tout travailler. Même si, ici, il est exclusivement question d’entrepreunariat et pas de salariat, ce qui fait une grosse différence. Mais, avec leur conception de la vie privée, une conduite mature et prudente et l’ambition d’une bonne carrière, les petits-enfants voire les arrières ressemblent de plus en plus à leurs aïeux.
Enfin, pour paraphraser la conclusion de l’article, qui lui-même reprenait les propos d’un économiste, la génération silencieuse n’est pas simplement la plus obnubilée par une belle carrière, elle est aussi et surtout, la plus riche de l’histoire.
Et si la génération Z était la planche de salut dans ce marasme ? Vive les jeunes !