Pour son millésime 2016, Ipsos livre un Trend Observer au titre poétique “la vague et la digue” mais qui cache une réalité plus complexe. 2014 avait été l’année du Blurring, “un anglicisme pour désigner une zone floue produite par un monde hybride dans lequel les lignes ne cessent de bouger”. En ce début d’année nouvelle, c’est “l’âge du faire”, soit l’avènement des makers, qui s’est clos.
Pour 2016, face à des flux d’information toujours plus abondants, dans un monde en perpétuel changement, Ipsos détecte deux attitudes pour y faire face. La première consiste à se laisser porter par la “vague” avec la possibilité de surnager, de surfer ou au contraire d’être submergé et de se noyer. La seconde attitude, celle de la “digue”, correspond à la résistance ou encore au repli sur soi.
A l’intérieur de ce deuxième sous ensemble, Ipsos a pris le parti de s’intéresser à l’aspect constructif de la digue. Ainsi, le citoyen, l’individu, le consommateur reprend sa destinée en main, faisant acte de résistance face à tous ces bouleversements et décide alors de construire son propre monde. Ainsi, comme l’explique Thibaut Nguyen, directeur Trends et Prospective France chez Ipsos Public Affairs, : “Bâtir sa propre digue pour naviguer dans un bain d’opportunités et éviter de dériver dans un océan de possibilités. Les initiateurs de tendances que nous avons interviewés ouvrent la voie à une façon positive et entreprenante d’appréhender un monde de plus en plus complexe. Notre étude s’attache au versant solaire de la “digue”. Car il y a un versant sombre, la tentation du repli sur soi, la position défensive. “
Devant toutes ces interrogations, Ipsos identifie 5 comportements démontrant la nécessité de “se protéger, de reprendre son souffle et de suivre son cap”.
Accomplir sa mission
Plus que jamais en quête de sens, la question n’est pas de faire sans but mais de faire pour se réaliser. Il s’agit, pour ces bâtisseurs de digues, de construire sa vie, d’accomplir la mission de sa vie. 2016 fera passer l’individu du statut de maker à celui de “life entrepreneur” où l’entreprise devient la vie. Les marques doivent donc entrer dans une relation privilégiée avec leurs consommateurs afin de les aider à entreprendre leur vie. Elles doivent s’inscrire dans ce parcours, où le consommateur a définitivement repris le contrôle. En effet, comme l’exprime Thibaut Nguyen, les “life entrepreneurs veulent garder toute la maîtrise de leur projet et choisir à qui il bénéficiera aussi. C’est eux qui décident de la sphère collective où leur projet individuel aura un impact positif.” Pour ces entrepreneurs de vie, l’agilité, l’autonomie et le dépassement de soi sont des valeurs cardinales, ils décident et agissent par eux-mêmes loin de l’autorité et des normes limitatives.
Mettre des filtres
Afin de se préserver, l’individu met en place des filtres pour ne pas sombrer sous les flux qu’il s’agisse du digital ou de la vie physique. Des filtres qui prennent différentes formes : du régime “sans”, au adblocker en passant par l’essor de ces newsletters qui sélectionnent les informations importantes la journée comme Brief.me ou Time to Sign Off. Pour passer ces différents filtres, les marques doivent démontrer leur utilité et faire preuve de créativité.
Augmenter ses capacités
Si le rêve ultime de l’homme de voler n’est pas prêt de se réaliser, le digital permet d’augmenter ses capacités et surtout de les contrôler. L’alimentation saine, les activités sportives intensives et le quantified self continueront, comme depuis quelques années, de rythmer l’année 2016.
Trouver sa magie
“Un corps sain dans un esprit sain”, ce vieil adage résonnera avec une brûlante actualité en 2016. En effet, si l’on soigne son corps, nourrir son l’esprit est autant, voire davantage, recherché. Les français ont soif d’authenticité, d’inspirations positives pour combattre la superficialité du monde qui les entoure et améliorer leur vie intérieure. Afin de s’inscrire dans ce comportement, les marques s’imaginent comme catalyseur d’émerveillement, révélant ainsi avec simplicité et authenticité la beauté du monde.
Éprouver le réel
Alors que le digital est toujours pus présent dans la vie du consommateur, le réel devient un véritablement luxe de plus en plus recherché. Des temps physiques pour laisser place aux émotions par le contact. Ce besoin d’interactions réelles est comme une bouffée d’oxygène face à ces flux immatériels qui composent aujourd’hui le monde.
Si 2015 a été “l’âge du faire” et donc de l’expérimentation. 2016 semble être, elle, l’année de l’âge de raison. L’âge où l’enfant s’ouvre sur le monde avec intelligence et interrogation. En espérant que 2016 soit effectivement l’année de l’âge de raison. Une année propice à la prise de recul, à l’analyse et à la réflexion et non celle du repli sur soi. Nous vous souhaitons une excellente année !
L’étude complète, qui reprend les 5 tendances, leurs conséquences pour les marques mais aussi un regard nuancé par zone géographique (USA, Japon, Europe) sera disponible en février.