Franz-Olivier Giesbert est né en 1949, à Wilmington, dans le Delaware, aux États-Unis, d’un père américain et d’une mère française. Il arrive en France à l’âge de trois ans. Après avoir collaboré à la page littéraire de Paris-Normandie, il entre au Nouvel Observateur en 1971. Successivement journaliste politique, grand reporter, correspondant à Washington, chef du service politique, il devient directeur de la rédaction de l’hebdomadaire à partir de 1985. En 1988, il est nommé directeur de la rédaction du Figaro. En 2000, il devient directeur du Point, fonction qu’il quitte en mars 2014 mais reste Editorialiste dans ce magazine.
Il a publié plusieurs romans dont L’Affreux (Grand Prix du roman de l’Académie française 1992), La Souille (prix Interallié 1995), Le Sieur Dieu, L’Immortel, Le huitième prophète (2008), Un très grand amour (2010) et des biographies : François Mitterrand ou La Tentation de l’Histoire (prix Aujourd’hui 1977), Jacques Chirac (1987), Le Président (1990) François Mitterrand, une vie (1996), et La tragédie du Président, (2006), ainsi qu’un récit : L’Américain (2004).
Derniers ouvrages : « M. Le Président » (2011) « Dieu, Ma mère et Moi » « Derniers carnets de campagne » (2012) « La cuisinière d’Himmler » (2013) « L’amour est éternel tant qu’il dure » (2014) « l’Animal est une personne » (2014) et « Manifeste pour les animaux » (2014)
A partir de 1997, il a animé plusieurs émissions littéraires ou culturelles et depuis la rentrée 2013, « Les Grandes questions » sur France 5.
Quel est votre ressenti après les événements dramatiques qui ont touché la France le 13 novembre dernier, non seulement du point de vue du citoyen mais également de l’homme de média que vous êtes?
Il y a dans notre vie des événements après lesquels les choses ne seront plus jamais pareilles et c’est typiquement le cas aujourd’hui. Tous les problèmes ont été posés en même temps. C’est une agression téléguidée de l’extérieur, avec des éléments qui eux sont à l’intérieur, et des ressortissants français pour la plupart. Donc ça pose un problème terrible pour nous tous, Français, car ce qui est remis en question c’est notre modèle, notre façon de vivre ensemble. Après une phase de sidération tout à fait naturelle, on entre maintenant dans celle de la réflexion, et jusqu’à présent, la classe politique a été à la hauteur. Quand j’entends François Hollande, Alain Juppé ou François Fillon, je suis plutôt rassuré car on est dans un discours de maturité. Il y a cependant deux écueils terribles qui nous menacent. Le déni de la réalité, tout d’abord, qui consiste à dire « c’est de notre faute ». C’est la politique de la plainte et du sanglot : elle ne mène nulle part. Le deuxième écueil, c’est l’hystérie totale, les postures martiales et la mise en cause de toute la communauté musulmane qui dimanche dernier a dénoncé les attentats avec fermeté et à l’unanimité. Il n’y a aucune raison de lui imputer ce qui est arrivé, elle n’y est pour rien. L’ennemi ce n’est pas elle, ce sont les islamistes qu’il faut savoir nommer. Leurs comportements relèvent plus de la secte.
En cette fin d’année vous êtes l’auteur de deux documentaires, un sur la cause animale diffusé le 24 novembre dernier, et un autre sur Jacques Chirac, diffusé le lundi 14 décembre prochain. Pouvez-vous nous en dire plus ?
« L’animal est une personne ! » est un documentaire qui concerne la cause animale et plus particulièrement les animaux de boucherie. Je suis depuis longtemps un combattant de la cause animale même si ce n’est pas un film qui fait l’apologie du végétarisme. C’est un film qui dénonce les grandes surfaces, l’élevage et l’abattage industriel et fait entendre d’autres voix. Il montre qu’en France, il y a des gens qui combattent pour mettre en place un nouveau système, notamment des bouchers, des éleveurs… en mettant en exergue ce qu’il y a de positif et de négatif dans notre pays. Il y a la bonne agriculture, qui se bat et qui est toujours présente, et la mauvaise agriculture, en difficulté d’ailleurs, qui véhicule l’idée qu’il faut manger de la viande tous les jours deux fois par jours, inculquée par une idéologie abusivement capitaliste, j’imagine avec le concours de grandes surfaces. Et donc c’est de la viande mal faite, avec des bêtes qui ont beaucoup souffert notamment durant l’abattage qui est de plus en plus ignoble.
Concernant celui sur la vie de Chirac, diffusé le lundi 14 décembre sur France 3, la semaine qui suit le 2ème tour des élections régionales, j’ai fait un gros travail dans lequel il y a forcément beaucoup de révélations. On découvre un autre Chirac vu de l’intérieur par des personnes qui en parlent très librement, notamment Bernadette et Claude Chirac ou encore Alain Juppé.
Que pensez-vous de la concentration sur le marché des médias et de l’indépendance des rédactions souhaitée par Fleur Pellerin ?
Je ne peux aller que dans son sens, puisque nous nous battons pour l’indépendance tous les jours, dans tous les journaux. C’est notre bien le plus précieux à nous tous, journalistes. Sans indépendance il n’y a plus de presse. Le lecteur doit avoir confiance en l’information qu’on lui donne. En sortant de l’indépendance, on entre dans la manipulation.
Dans votre biographie « FOG, le Don Juan du pouvoir » écrite par Marion Van Renterghem (journaliste du Monde)publiée le 7 octobre dernier, elle décrit votre psychologie comme « inclassable ». Qu’en dites-vous ?
Je pense que c’est son jugement. Difficile de le commenter. J’ai toujours exercé mon métier de manière totalement indépendante. Je pense qu’il faut pouvoir rester indépendant. Non seulement vis-à-vis du pouvoir établi, politique, économique mais aussi vis-à-vis de ses propres convictions, ses propres préjugés. Le journaliste doit être ouvert et surtout garder le sens de la contradiction. Il faut essayer d’écouter tous les points de vue. Quand on écrit un article on ne peut pas aborder qu’un unique angle de vue.