Gilles Berhault : « la France est face à un triple enjeu »
Partageant son temps entre la présidence du Comité 21, Comité français pour le développement durable, et plusieurs autres activités à titre bénévole, Gilles Berhault est fortement impliqué dans la cause du développement durable et de l’environnement. A l’approche de la COP21, rencontre avec un acteur clé qui nous donne sa vision des enjeux et des opportunités que représente cet événement qui nous concerne tous,
Vous présidez depuis 2010 le Comité 21, Comité français pour le développement durable, et initiez en 2014 « Solutions COP21 ». A l’approche de ce grand événement, quel est le rôle de la France et quels en sont les principaux enjeux ?
La France est face à un triple enjeu. Le premier est de présider une réunion où 195 pays doivent se mettre d’accord à l’unanimité et à la virgule près. La seconde est l’accueil de 40 000 personnes à Paris dans les meilleures conditions. Le troisième est de profiter de cet événement considérable pour accélérer la transformation des territoires français et de l’économie, face aux enjeux climatiques. Il faut souligner l’implication forte de l’État français, et du président de la République, mais également la mobilisation des organisations non étatiques, associations, entreprises, collectivités, chercheurs… très engagées sur la recherche de solutions. C’est toute l’ambition de Solutions COP21 au Grand Palais du 4 au 10 décembre : donner à voir la faisabilité d’une société post carbone, montrer qu’elle est séduisante.
La question climatique est selon vous, à la fois une responsabilité mais aussi une opportunité pour les entreprises. Pouvez-vous nous expliquer ?
Toutes les entreprises doivent diminuer leurs impacts sur la planète. C’est par une analyse précise de toutes les actions, et la mise en œuvre de mesures ambitieuses que l’économie pourra continuer de se développer. Mais une nouvelle responsabilité est de créer des solutions, d’innover au service du climat dans tous les domaines. Il ne s’agit pas seulement d’innovation technologique face aux grandes disruptions nécessaires, car il est également question de trouver de nouveaux modèles économiques, de former, d’attirer les talents… Et c’est sans doute en cela que la question climatique constitue une opportunité. Les entreprises doivent prendre toute leur part à la transformation profonde de la société.
Selon une récente étude menée par « Solutions COP21 », 55 % des Français estiment qu’il est déjà trop tard pour agir et sauver l’environnement. Quels sont les principaux leviers pour changer cette triste perception ?
La question aujourd’hui n’est pas le climatoscepticisme mais la capacité à croire que l’on peut maîtriser les dérèglements climatiques. Oui nous sommes en capacité d’agir efficacement. Mais bien évidemment, il faut une grande ambition, un travail de coopération, des financements… Il faut aussi sortir de toute urgence d’une vision simpliste avec d’une part les gentils, et de l’autre les méchants. Tout le monde a une part de responsabilité dans la situation actuelle… et tout le monde peut et doit agir à son échelle.
Vous cumulez plusieurs fonctions*. Comment gérez-vous les priorités et avez-vous un Leitmotiv au quotidien ?
En parallèle de mon activité professionnelle, j’ai toujours eu une activité bénévole très intense. Cette fin d’année est particulièrement dense et passionnante. Je me suis libéré de mes activités professionnelles pour me consacrer pleinement à SolutionsCOP21. Le dispositif a été conçu par le Comité 21, c’est à ce titre que j’assume, au nom de nos 500 membres, le pilotage global du projet, pour ne pas qu’il gagne chaque jour en sens et en valeur. Mon leitmotiv ? Répondre toujours à l’affirmation « ce n’est pas possible de » par « Oui il est possible de préserver le climat, c’est parce que je ne savais pas que c’était impossible (cf. Mark Twain), que j’ai su le faire ».
* Président du Comité 21, délégué général d’ACIDD, conseiller développement durable de la direction scientifique de l’Institut Télécom, animateur de débats, conférencier, rédacteur …