Etre sur Facebook aujourd’hui n’est pas anodin. Toutes ces personnes avec qui vous êtes en contact, tous ceux qui suivent votre page entreprise. Ceux qui like, ce que vous likez. Tout cela n’est pas indolore et indique des appartenances, des goûts, des convictions etc. manifestés sur ces pages. On dit que Facebook utiliserait même le potentiel pléthorique de nos données dans des études comportementales. Récemment encore, Facebook proposait un lien permettant de changer sa photo de profil avec un filtre spécialement confectionné comme signe en faveur du mariage homosexuel aux Etats-Unis. Des soupçons ont été initiés sur la récupération des données par Facebook dans le cadre d’une étude, à savoir : la viralisation de la tendance proposée afin d’analyser la rapidité d’un groupe à manifester son appartenance, ou à s’allier à une cause mais aussi sa rapidité à s’en défaire. Même si FB n’a pas confirmé, cela en demeure tout à fait faisable. Alors, oui, nos comportements sur Facebook racontent quelque chose, nous-mêmes.
Le LIKE
C’est au travers de ce simple pouce levé que Facebook a bâti toute son identité et c’est par cela que nous approuvons. De manière rapide nous manifestons une connivence avec une publication, une photo, une vidéo … Une activité très répandue, puisque 44% des utilisateurs FB likent au moins une fois par jour et 29% likent plusieurs fois dans la journée.
Par ce simple clic, chacun peut s’exprimer en tant que personne sur ses goûts. Aussi, une étude américaine a démontré les goûts d’un internaute à travers ses Likes selon si cette personne est :
– blanche ou noire (avec une précision à 98%)
– hétéro ou homosexuelle (88% de précision)
– démocrate ou républicain (85%)
– une femme ou un homme (93%)
– son âge (75%)
Le Like est donc principalement un geste d’empathie. Plus ou moins ancré dans la réalité de chacun, il n’en demeure pas moins une manifestation visuelle d’une reconnaissance. Ainsi, les détracteurs des Révolutions Arabes, par exemple, pourrons objecter que le Like ne constitue en rien un acte réellement politique et que ce n’est pas parce qu’on Like que la marche dans la rue suit obligatoirement. Mais si le Like reste une empathie virtuelle, il permet néanmoins de recenser, de prendre la température des tendances suivies, d’une doxa collective en œuvre. Comme le démontre les processus d’encrages psychologiques, le premier geste, même virtuel appelle à un engagement moral rarement rectifié par la suite. Même un pouce levé pour donc faire changer les choses, à condition que les principaux intéressés soient à l’écoute.
Plus pragmatique, le like dynamise les algorithmes et permet d’être davantage visible par les autres sur leur fil d’actualité. Ainsi, il est un excellent stimulant d’interaction et appelle ainsi un retour. Et oui, un geste d’amour n’est jamais totalement gratuit.
Pourquoi publie-t-on des posts ?
D’après les études menées, il apparaît que la principale motivation pour publier des posts soit l’allègement du sentiment de solitude. Ou en tout cas, le désir de partage. Mais si nous Likons avec une grande facilité, publier des posts nous engage davantage et donne à voir ce qui nous préoccupe. Le passage à l’écriture, à la publication revient à laisser une trace indélébile sur le Net. Et comme nous sommes au courant que sur le Net on n’a pas le droit à l’erreur, l’autocensure peut-être très forte. Ainsi, on observe que 71% des utilisateurs qui tournent 7 fois leur langue dans leur bouche avant de publier, ne publient finalement pas… Que ce soit sur le Net ou sur le papier, l’écriture provoque un niveau d’engagement bien plus fort que celui de la parole de par sa nature même à laisser une trace.
Le commentaire
De ce constat, le commentaire est un acte plus qualitatif et impliquant que le Like. De par sa forme, mais également parcequ’il implique une prise de position, quelle qu’elle soit, de la part de l’internaute. « Essayer c’est acheter », et bien nous n’en sommes pas si loin … Dès lors que vous commentez une photo, un texte, une pub, une vidéo, votre doigt est dans l’engrenage de l’implication et ce, même si le commentaire est négatif. Vous avez fait l’effort, pris sur votre temps précieux, pour laisser sur Internet votre avis. Pour une marque, cela est donc souvent le Saint Graal recherché. D’autant que les algorithmes recensent et font remonter auprès de vos amis ce que vous venez d’écrire.
Le maître mot : le partage
C’est Le concept qui a révolutionné le XXIe siècle. Né des réseaux sociaux et faisant progressivement éclater les lignes de l’économie post moderne, le Sharing a envahi nos vies. Mais vous pensez encore que les internautes ne partage sur Facebook que le plat dans leurs assiettes et les pieds en éventails sur une plage ? Et pourtant, voilà les résultats de l’étude Ipsos sur les raisons du partage sur FB :
- 61% pensent partager des contenus intéressants
- 43% pensent partager des contenus importants ou drôles
- 37% partagent leurs croyances diverses et sur ce qu’ils pensent être
- 30% recommandent un produit, un service, un film, etc…
- 29% expriment via le partage leur soutien à une cause, une association ou une croyance
- 26% pensent partager des contenus uniques
- 22% laissent savoir aux autres ce qu’ils font
- 20% pour s’immiscer dans une conversation, un sujet
- 10% montrent ce qu’ils savent
On notera l’aspect tout à fait bienveillant des intentions qui se dégagent. Mais commençons par la fin, il est intéressant de remarquer que les intentions les plus « égocentriques » sont relayées à la dernière place de ce classement (On est en droit de se demander si Miley Cyrus aurait sciemment répondu qu’elle publiait à des fins égocentriques) ! En revanche, 30% d’utilisateurs recommandent un produit. Fruit de la volonté de partager son avis, de le rendre public, ce chiffre est loin d’être anodin pour les marques présentes sur le Net, ou pas d’ailleurs.
Le Net, simple reflet ou amplificateur de la société physique ? – garde une grande place pour la dérision et l’humour, les vidéos de chat ont donc encore une longue vie devant elles, au même titre que les informations qualifiées d’importantes. Quoi qu’il en soit, avec 61% des internautes qui (pensent) publie(r) du contenu intéressant, le niveau d’exigence est élevé pour qui prétendrait faire du buzz ou tout simplement occuper la toile et susciter de l’engagement.