S’il est un journaliste charismatique, de terrain, qui crève le petit écran depuis plus de 20 ans avec des émissions de panache, c’est assurément Guy Lagache !
Diplômé de la Graduate School of Journalism de l’université Columbia à New York, dont il est sorti sans gargarisme avec le titre de meilleur étudiant étranger, Guy Lagache est aujourd’hui un reporter aguerri. C’est à l’agence Capa qu’il fait ses débuts, avant de rejoindre France 3 puis M6. Sur cette chaîne, il prend la succession d’Emmanuel Chain en tant que présentateur de l’émission culte Capital, déclinée depuis 2010 dans une version alliant économie et environnement, Capital Terre. Guy Lagache intègre ensuite, en tant que directeur des magazines et de l’information, la chaîne D8, laquelle fait désormais partie de la maison Canal +. Le mercredi soir, au RDV d’En quête d’actualité, Guy Lagache illustre avec brio ses talents de reporter et d’animateur, en couvrant des sujets d’actualité requérant un travail d’enquête approfondi, pour « montrer une réalité, au nom du droit à l’information des citoyens que nous sommes ». Le succès ne s’arrête pas là puisqu’Histoire interdite, son autre émission du moment a déjà obtenu le record d’audience de D8 pour un magazine avec 1 648 000 téléspectateurs. Longue vie aux émissions de Guy Lagache !
1/ Comment expliquez-vous cette fidélité au médium TV dans votre carrière ? Aussi, de reporter à présentateur de magazine ou encore directeur des magazines et de l’information, à quelle fonction prenez-vous le plus de plaisir ?
Je trouve que les possibilités avec le médium TV sont considérables ! Je vois dans ce médium un moyen d’expression absolument formidable pour toucher un large public et essayer de l’éclairer le mieux possible sur le monde qui l’entoure, tout en le divertissant ! Mais il n’y a pas eu d’évidence à proprement parler puisque j’étais initialement destiné à faire de la presse écrite. Mes débuts sur le petit écran, je les dois à des rencontres fortuites. En revanche, dès lors que je me suis mis à faire de la télévision j’ai rapidement trouvé qu’elle était extrêmement intéressante pour le métier de journaliste et d’enquêteur. Je me nourris de l’image pour raconter des histoires sur la réalité du monde qui nous entoure et puis j’investigue pour tenter de donner du sens à cette image.
Y’a-t-il une fonction que je préfère ? Assurément celle de journaliste. M’instruire, m’éduquer sur le monde en tant que reporter de terrain, à la rencontre des autres, pour ensuite transmettre, modestement bien sûr, c’est l’essence même de ce qui me fait avancer dans la vie. C’est ce crédo qui me donne l’envie de poursuivre l’exercice de ce métier, demain et après-demain !
2/ Vos émissions connaissent un réel succès. Avez-vous une recette, des méthodes singulières de veille pour identifier les sujets qui captent l’intérêt du grand public?
Ce qui est très intéressant dans ce métier, c’est que précisément il n’y a aucune recette ! Et c’est d’ailleurs rassurant car s’il y en avait une, ce serait trop simple, tout le monde pourrait prétendre à faire 70% de part de marché !
Le difficile défi, c’est d’essayer à la fois de capter ce qui agite la société et de le raconter ensuite en évitant l’écueil du cours magistral universitaire, barbant pour le téléspectateur. La complexité de l’exercice réside dans la capacité à être en phase avec les préoccupations des individus au moment de la diffusion du sujet et à raconter celui-ci de façon la plus prenante et haletante possible !
Selon moi, la singularité du travail ne résulte pas tant des méthodes de veille, globalement partagées par la profession, mais bien plutôt de l’angle qui est donné au sujet. Tout journaliste, tout individu qui souhaite raconter une histoire se doit de donner un point de vue, pour espérer capter un public.
3/ Vos programmes diffusés sont comme tous, surveillés par le CSA. D’après vous, à l’heure où la liberté d’expression est plus que jamais défendue, jusqu’où peut-elle aller sur le petit écran?
Vaste question ! En premier lieu, il est plus que nécessaire d’informer, c’est un devoir. Et même si cela dérange. Que ce soit sur l’actualité, dans les domaines historique, économique ou encore politique, le journaliste se doit d’éclairer la société. C’est alors qu’il est fondamental de respecter une « éthique de l’information », c’est ce que je m’attache à faire dans l’exercice de mon métier. Le challenge est de mettre en perspective une information brute en lui donnant du sens, ce qui s’avère extrêmement difficile au regard de la profusion exponentielle de contenus aussi bien à la radio, qu’à la télévision et sur Internet. Les programmes, chaînes, réseaux sociaux…, se démultiplient à une vitesse ahurissante !
Il faut, me semble-t-il, proposer un point de vue différent, étayé, argumenté sur des faits. Cette prise de position ne fait jamais l’unanimité, bien au contraire elle suscite le débat, indispensable pour notre démocratie. De mon point de vue donc, ce qui est fondamental est cette mise en perspective à laquelle je m’astreins, ainsi que l’exercice du métier en âme et conscience, avec mesure des responsabilités. Dès lors que le travail est fait honnêtement, dans le respect des règles, je considère qu’il ne doit pas y avoir la moindre restriction.
4/ D’autres projets sur 2015 ?
Il est un peu tôt pour communiquer sur mes nouveaux projets mais ils ne manquent pas ! Nous continuons nos investigations passionnantes sur l’histoire pour l’émission Histoire interdite. Et pour terminer sur un petit teasing, si vous êtes intéressé par l’univers carcéral, guettez les programmes, En quête d’actualité vous prépare un grand numéro sur l’univers de la prison !