Comment le numérique change la culture
Depuis plusieurs années déjà, le numérique a globalement transformé les comportements de consommation. Une transformation également perceptible dans le rapport qu’entretiennent les individus aux biens culturels. Si les « digital natives » n’ont jamais consommé autrement que par voie numérique leurs musiques ou encore leurs films, il n’en est pas de même pour les générations plus âgées. Cependant, ces derniers, les fameux « migrants du numérique » sont, d’après le cabinet de conseil en stratégie Bain & Company, également passés à la culture dématérialisée.
Une évolution de comportement constatée par ce cabinet dans une étude, menée pour le Forum d’Avignon, et cristallisé autour du concept de « Génération #Hashtag ». Ainsi, cette dernière correspond à la génération Y associée aux plus de 35 ans s’étant s’appropriés les usages digitaux.
Une génération élargie donc, et qui représente en France 53 % de la population.
Avec cette évolution des comportements, c’est l’accès mais également la découverte et surtout le partage de la culture qui est bouleversé. Une réalité qui impose à l’industrie culturelle de se repenser et de faire évoluer ces fondamentaux. Un authentique reboot, soit une nouvelle version mais qui conserve les fondamentaux et les caractéristiques des forces en présence. Une évolution qui se caractérise par l’avènement du transmédia, une nouvelle forme de narration qui définit comme l’utilisation combinée de plusieurs médias pour développer et enrichir un univers.
L’approche transmédia apparaît de moins en moins réservée aux secteurs de la musique, du cinéma ou encore du jeu vidéo, même si ces secteurs restent les premiers à imaginer des narrations toujours plus innovantes. Les musées semblent de plus en plus friands de genre d’enrichissement.
Il convient de rappeler que les musées, très vite, ont adopté cette démarche avec l’indispensable catalogue permettant de rapporter l’exposition à la maison. Puis ce fut l’invention de l’audioguide qui là venait enrichir la visite. Plus récemment, les musées se sont convertis aux applications mobiles et aux réseaux sociaux pour faire vivre le musée autrement. Toutes ces initiatives correspondent à la digitalisation de la relation et à des projets transmédia…
L’exemple le plus parlant de projet mêlant plusieurs média à travers une approche narrative pensée par un musée est celui de Léon Vivien. Dans le cadre des commémorations de la première guerre mondiale, le Musée de la Grande Guerre a imaginé ce que le témoignage du front aurait été si les réseaux sociaux, et ici Facebook, avaient existé. Le profil de Léon Vivien, combattant, a été imaginé, afin de livrer ses impressions, de témoigner de ses angoisses et de décrire sa vie dans les tranchées. Véritable succès digital qui a donné naissance à un ouvrage en papier…
Toujours en 2013 c’est Tour Paris 13, lancé par la Galerie Itinérance, qui est connaît un véritable succès. Le concept de ce projet fou : une tour vouée à être détruite et qui, entre-temps, devient un véritable immeuble dédié au street-art sur 11 niveaux. Puis, 30 jours pour la visiter, 10 jours pour la sauver avant sa destruction… Un principe simple et qui fonctionné à merveille, avec plus de 25 000 visiteurs et une couverture médiatique inespérée.
Pour finir ce tour, loin d’être exhaustif, c’est au Musée du Quai Branly qu’il faut se rendre. Pendant une semaine, en mars dernier, un personnage étrange, @Wacochachi, s’est mis à évoquer sur Twitter l’arrivée de bisons dans les rues de Paris.
Ce soir, à la nuit tombée, levez les yeux sur les murs de Paris pour apercevoir #LesBisons
— Wacochachi (@Wacochachi) March 29, 2014
Puis à partir du 29 mars, les Parisiens ont effectivement pu voir dans différents lieux emblématiques des projections de bisons qui couraient dans les plaines. Un projet qui concernait alors l’exposition « Indiens des plaines ».
A travers ces multiples exemples, on s’aperçoit que le transmédia permet, tout en dépassant l’œuvre, de favoriser la rencontre avec elle. Une démarche qui devrait accompagner davantage les relations publics afin de dépasser l’objet du communiqué pour créer toujours plus de lien avec son public.