Avec l’explosion des chaînes d’info en continu, comment fait-on pour garder de la fraicheur ou une valeur d’information face à une actualité diffusée en boucle sur la TNT ou sur internet ?
Nous avons l’obligation d’être différent. C’est un peu notre vitamine de tous les matins. Je me souviens, lorsque j’ai commencé le 13h avec Rachid Arhab, en 1998, nous n’avions pas du tout cette même pression de la concurrence à la fois des tuyaux internet et des chaines d’informations naissantes à l’époque. Nous n’avions pas les mêmes réflexes. Je dirais qu’aujourd’hui on a une exigence de plus-value. Cette plus-value s’opère en faisant des choix. Une chaine d’information ou le tuyau internet n’ont quelque part pas de parti pris. L’information est traitée dans la réactivité et dans l’instantanéité. Chez France 3 nous nous astreignons à prendre du recul. Nous faisons des choix assumés pour donner à un instant T une certaine vision, avec du décryptage et de la distance. Je pense qu’il est important à la fois de se nourrir de ces « tuyaux ouverts », et à un moment donné savoir s’en détacher pour faire des choix et approfondir certaines thématiques. C’est en cela que c’est un défi au quotidien.
Comment travaillez-vous la complémentarité du traitement de l’information entre les JT des grandes chaines de France télévisions ?
Ça fait longtemps qu’on se pose cette question. Les critiques disent que le 19/20 de France 3, c’est le 20h avant le 20h. Alors que non, ce n’est pas le 20h avant le 20h, et c’est bien toute la difficulté. Depuis l’arrivée de Thierry Thuillier il y a quatre ans maintenant à la tête de l’information, nous avons une ligne éditoriale très claire. Sur le 19/20 on traite moins l’information étrangère. C’est-à-dire que l’on va par exemple parler d’un sujet comme le déploiement des troupes françaises en Centrafrique, avec une équipe de reporters sur place, mais on ne va pas forcément faire de de sujet sur la classe moyenne au Brésil. Nous traitons l’actualité chaude qui amène à nous pencher sur le monde extérieur, mais l’aspect magazine étranger est laissé entre les mains de France 2. Nous concentrons nos forces sur de l’enquête, du témoignage et des problématiques en France. La feuille de route que l’on m’a remise il y a quatre ans est très claire. Je pense que notre formule est très lisible. Nous délivrons une information de proximité, au sens proximité des préoccupations du quotidien que ce soit l’emploi le logement le pouvoir d’achat ou encore l’aide à la compréhension des réformes de l’état, c’est notre rôle. Pour assurer la complémentarité avec France 2, nous mettons plus en avant des témoignages et des choses vues en région, avec le même angle, qui consiste à identifier comment l’information impacte la vie des gens. Par ailleurs, nous devons constamment garder en tête l’idée que Paris n’est pas la France. Les problématiques en région ne sont pas les mêmes – difficulté de trouver un logement proche de son travail par exemple – nous devons rester connectés aux réalités qui ne sont pas toujours celles de la capitale, pour délivrer la meilleure information à nos auditeurs.
On a découvert une Carole Gaessler tout autre en radio cet été sur RTL, dans l’émission radiophonique décalée et intimiste « Rendez-moi mon portable ! » dans laquelle vous exploriez le portable de personnalités très diverses, artistes, cuisiniers, ou un miss monde. Pourquoi avoir accepté cette expérience ? Avez-vous d’autres projets ?
Quand Jacques Expert, directeur des programmes de RTL, m’en a parlé j’ai trouvé que c’était une belle idée, je connaissais cette émission assez étonnante qui consiste finalement à gratter autour de la personnalité d’un invité via son portable. Le portable c’est un notre disque dur, tout y est. Je trouvais cela assez cocasse et d’ailleurs je me demandais si les gens allaient jouer le jeu, et finalement oui. J’ai également apprécié l’exercice radio, que je n’avais plus pratiqué depuis les stages d’écoles, ça m’a beaucoup amusée. J’aime bien aller vers des projets qui changent, qui me challenge, qui me dérange et qui me rebooste, donc j’ai adoré. J’ai découvert la structure très familiale de RTL, avec un accueil formidable. A la fin de l’été Jacques Esnous s’est dit satisfait de ce que j’avais pu faire. Si l’on a d’autres occasions on retravaillera ensemble. Je l’espère sincèrement, parce que ces petites parenthèses estivales me plaisent beaucoup. Je n’ai rien de concret à vous dire, la porte est ouverte pour essayer de faire d’autres choses l’été prochain.