Vous êtes Président et repreneur de La Tribune, second quotidien économique de France, depuis le 1er février 2012. Vous vous êtes sans aucun doute fixé des objectifs au moment de cette reprise ? Quels étaient-ils et qu’en est-il aujourd’hui ?
Nous sommes le premier quotidien en France à avoir opéré ce virage de transformation de quotidien papier à quotidien numérique. Notre objectif il y a un an était, via cette transformation, de permettre à La Tribune de redresser sa situation économique et d’accroitre sa visibilité et son audience.
Un an après, le journal connait une croissance d’audience de son site de près de 40%, et la situation économique de La Tribune permettra de viser l’équilibre en 2013.
Même si la conjoncture économique n’est pas simple et que ces transformations se sont faites dans un contexte difficile, cette volonté d’avoir été les premiers dans le secteur de l’industrie de la presse à prendre ce virage permet aujourd’hui à La Tribune d’évoluer dans de bonnes conditions, et de manière pérenne. Le bilan est donc positif. Nous avons enrichi notre offre éditoriale en avril 2012 avec la création d’un hebdomadaire papier sortant chaque vendredi.
Internet bouleverse depuis plus de quinze ans le marché des médias.
Selon vous quel est le scénario le plus probable pour ce secteur en pleine mutation ?
La perspective selon moi est clairement la suppression, plus rapide qu’on ne le croit, du papier, au profit de l’accélération du modèle numérique pour les médias d’information quotidienne.
Voyez par exemple le fort développement des tablettes, notamment aux états unis.
Le secteur des médias va connaître de très forts bouleversements et va devoir s’adapter aux usages et aux souhaits de ses lecteurs qui sont sur le digital en semaine et prennent le temps du papier le week-end.
Il y a un an nous étions les premiers à faire le choix de quitter le quotidien papier pour le quotidien numérique. Ceux qui avaient prédit la disparition de La Tribune se sont trompés.
Notre entreprise est aujourd’hui économiquement plus performante que beaucoup d’acteurs qui sont encore dans la logique du papier. Nous serons probablement demain les premiers à tirer profit de ce temps d’avance.
Que pensez-vous de la politique des syndicats de Presstalis qui ont bloqué récemment la distribution des journaux ? Sont-ils en train d’abattre l’arbre sur lequel ils sont perchés ?
Lorsque j’ai pris la Présidence de La Tribune, j’ai très rapidement pris des décisions symboliques, rapides et essentielles pour la pérennité de l’entreprise. J’ai sorti La Tribune de Presstalis, et, pour la distribution du journal le vendredi, nous avons choisi de travailler avec une autre société de distribution.
J’ai anticipé la crise que connaissent mes confrères. C’est une situation dramatique, qui met en péril toute la chaine de l’industrie de la presse. Je suis malheureux pour notre profession et pour mes confrères mais en même temps heureux d’avoir pris mes responsabilités et fais mes choix il y a un an.
De nouveaux projets pour 2013 ?
On n’en manque pas. La Tribune va accélérer sa présence sur l’ensemble des territoires en France pour véritablement s’afficher comme le premier réseau d’information économique, à la fois par nos implantations, nos bureaux en région, la couverture que nous portons sur l’ensemble des entreprises depuis le CAC 40, jusqu’aux PME. A ce titre nous débutons fin mars une grande tournée en France sur la problématique des PME et de l’innovation, qui se traduira par 10 débats en régions, et la diffusion de suppléments dédiés avec La Tribune Hebdo le vendredi.
Nous lançons également dans quelques semaines le prix national des jeunes entrepreneurs. Dans un contexte incertain au regard de l’avenir de l’entreprenariat en France, La Tribune affirme son soutien au côté des entrepreneurs.