Philippe Escande, Chef de service au Monde et responsable du supplément « Eco & Entreprise »
Wellnews a ce mois-ci rencontré un des nouveaux maillons forts du Monde, Philippe Escande. A l’occasion de sa récente nomination à la tête du cahier éco & entreprise, Philippe Escande nous livre les partis pris de la rédaction, et les premiers retours des lecteurs.
Le Monde vit depuis deux ans une refonte éditoriale majeure. Après la refonte des éditions
du week-end, depuis cet été, c’est le supplément économie qui connait un renouveau. Revoir l’information économique du Monde, est-ce une demande des nouveaux actionnaires ?
Oui en partie. Les actionnaires sont aux commandes, ce qui n’était pas le cas de la configuration précédente. Il est vrai que les 3 actionnaires (ndlr Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse) viennent tous trois du monde de l’entreprise. Ils sont forcément sensibles à ces sujets, et pour eux, il est normal, je dirais presque naturel, qu’un journal traite de l’actualité des entreprises de la même façon qu’il traite les autres actualités.
En dehors de la volonté des actionnaires, il est nécessaire aujourd’hui, quand on prétend être un grand journal généraliste, de couvrir l’économie, pas seulement sous l’angle de la macro-économie, mais aussi sous l’angle de la micro-économie.
On s’aperçoit en effet que le monde des affaires constitue une des clés de compréhension de notre monde d’aujourd’hui. De plus, le traitement des sujets liés aux entreprises intéresse les gens, il est demandé par le lectorat. Le Monde se tourne donc vers un traitement plus poussé de l’actualité micro-économique.
Quelle est votre feuille de route ? Quelles sont les axes clés de ce renouveau éditorial ?
Ce qu’on m’a demandé ? Un « supplément à la fois moderne, intelligent, ouvert sur le monde, diversifié et pédagogique ». L’idée est vraiment de travailler un support en phase avec les valeurs d’humanisme et d’ouverture du journal. Au-delà de cette ligne directrice, ma mission consiste à introduire le monde des affaires et de l’entreprise dans le supplément hebdomadaire, qui était plutôt centré sur la macroéconomie.
Comment s’articule le traitement de l’information du supplément avec le traitement de l’actualité économique du quotidien ? Les journalistes de deux services travaillent-ils de façon concertée ?
Avant le lancement du supplément « Eco&Entreprises », l’équipe chargée de la partie économie du journal au jour le jour avait été renforcée. A la rentrée 2011, Virginie Malingre a été nommée rédactrice en chef du service économie du quotidien et les équipes des deux services ont été renforcées.
Le Monde est un journal qui investit de façon importante dans son renouveau éditorial.
S’il y a bien deux équipes distinctes, elles travaillent ensemble en pleine intelligence : tous les grands dossiers du supplément impliquent potentiellement les journalistes des deux équipes, j’assiste aux conférences de rédactions, la perméabilité est totale.
Avez-vous des retours sur ce changement par vos lecteurs? Quels dossiers ont beaucoup plu selon vous ?
Le chemin de fer (ndlr la structure en rubrique) est assez souple, les thématiques sont assez larges. Nous proposons des papiers de fond sur l’innovation technologique, mais aussi sociale. Nous voulons cependant rester souple pour pouvoir nous adapter chaque semaine à l’actualité.
Les réactions des lecteurs sont plutôt positives. Certains dossiers font réagir, dernièrement par exemple le dossier sur la fin de la bourse à Paris, avec un parti pris de la rédaction volontairement assez provocateur. A l’occasion du Mondial de l’automobile nous avons sorti un supplément très anglé automobile, sujet traité à la fois sur le fond mais aussi dans sa dimension sociétale.
Je dirais que ces 2 dossiers ont été les temps fort de la rentrée.
Philippe Escande en bref
Né en octobre 1958, Philippe Escande est journaliste, membre du bureau de l’Association des journalistes économiques et financiers (AJEF).
Titulaire d’un master de Biologie, Philippe Escande a effectué la plus grande partie de sa carrière comme journaliste aux Echos. Il a été notamment chef de service en charge des pages Technologies de l’information et Communication du journal. Spécialisé dans le décryptage des stratégies d’entreprise, il est devenu un des éditorialistes phares aux Echos entre 2005 et 2012. Il a rejoint Le Monde depuis juin 2012 pour renforcer le traitement de l’actualité économique du grand quotidien du soir – il est Chef de service et responsable du supplément « Eco & Entreprise », le supplément dédié à l’économie dans l’édition du Monde datée du mardi.
Par ailleurs, il a animé des chroniques quotidiennes de décryptage de l’économie dans les matinales de Radio Classique et d’Europe 1.
Philippe Escande est également l’auteur de deux ouvrages : “les pirates du capitalisme, comment les fonds d’investissements bousculent les marchés” (Albin Michel, 2008), et “Le grand bestiaire des entreprises” (Eyrolles, 2009).