Depuis plus de onze ans, Internet a fait évoluer les métiers de la communication, qui comprennent ceux des relations presse, et l’impact du digital nous oblige à revoir notre approche des médias.
A ce propos, les individus ont tendance à croire que les communicants sont avertis de tous les réseaux sociaux, qu’ils ont introduit tous ces outils pour optimiser au mieux leurs stratégies de communication. On pourrait s’attendre à ce que Twitter, Facebook, Viadeo, Foursquare, Google+…, soient des outils assimilés et instrumentalisés par les chargés de relations presse.
Cependant, victime de nombreux à priori parmi lesquels on retrouve le classique « ça prend trop de temps », l’argument générationnel « c’est pour les jeunes », la question de l’utilité opérationnelle « on ne fait pas de RP 2.0 pour nos clients », celle des usages « je ne suis pas un geek », Twitter semble avoir du mal à être considéré comme une opportunité pour les RP.
Dommage alors, quand on sait que Twitter serait une source d’informations pour 47% des journalistes* ; que certaines rédactions n’hésitent pas à communiquer sur l’activité Twitter de leurs salariés, à l’image de Les Echos qui met à disposition du grand public, via leur site, une liste des journalistes classés par secteur d’activité présents et / ou actifs sur ce réseau social ;
Enfin, que les comptes Twitter des journalistes permettent souvent d’identifier les secteurs d’activités qu’ils couvrent, leurs domaines d’intérêts, et que leurs tweets peuvent permettre de cerner ce qui les fait réagir et de quelle manière…
Autant d’informations qui ne sont pas toujours exactes voire difficiles à trouver via les bases de données « classiques ».
Twitter, ça prend trop de temps
« J’ai trois CP à rédiger, une tonne de mails à traiter, un reco à préparer, je n’ai pas le temps de Tweeter ».
Il n’est pourtant pas obligatoire d’y passer des heures quotidiennement, d’avoir des masses de followers et d’être un hyper actif du tweet pour envisager Twitter comme un outil pertinent pour les relations presse.
Il s’agit de se détacher de l’effet de mode et de la volonté « d’y être pour y être » mais de le considérer comme un outil qui permet d’abord de faire de la veille.
Follower les comptes des médias et les classer dans une liste dédiée par exemple, permet par la suite de passer rapidement et facilement en revue l’actualité. C’est aussi très efficace pour mesurer l’importance d’une information et pour cerner les différents angles sous lesquels elle est abordée, idéal donc pour y réagir !
La question générationnelle
Les réseaux sociaux n’appartiennent ni aux « geeks », ni aux community manager, ni à la génération Y : les plus de 25 ans y sont plus nombreux et parfois plus actifs que les moins âgés.
Utiliser Twitter n’implique pas non plus de laisser tomber les outils et les méthodes traditionnelles mais de s’adapter aux nouveaux, comme on l’a fait avec l’arrivée de l’ordinateur, d’internet, de l’e-mail…
Il n’est pas trop tard pour se lancer, au contraire. Twitter n’a pas encore atteint son apogée cependant il serait dommage de rater ce virage. A la vitesse où se développent et apparaissent les réseaux sociaux, il n’est pas exclu de voir apparaître de nouveaux outils et / ou médias s’inscrivant dans la sa lignée ou au contraire l’éclipsant totalement, et là pour le coup, d’être dépassé.
Rappelons tout de même que ceux qui n’utilisent pas encore Twitter ne sont ni en retard, ni exclus : toutes les agences de communication dont le cœur d’activité réside dans les RP n’exploitent pas systématiquement Twitter : les phases de tests, d’observation et de formation en interne étant des conditions du passage à l’action : « le temps technique est plus rapide que les usages » écrivait Dominique Wolton …
Des RP aux RP 2.0 ?
Il convient déjà de rappeler qu’utiliser Twitter à des fins professionnelles ne signifie pas forcément faire « des RP 2.0 » et que par conséquent ce n’est pas une prestation supplémentaire ou du travail gratuit en plus des RP classiques.
Les RP 2.0 englobent l’usage de l’ensemble des réseaux sociaux, une bonne connaissance de la blogosphère. Elles impliquent la notion de personal branding, le respect des codes imposés par certains réseaux, la relation blogueur et les enjeux de e-réputation. Sur ce dernier point, rappelons tout de même qu’en la matière, le travail des AP s’arrête là ou commence celui du CM.
Twitter ne doit pas être perçu comme une contrainte mais comme une réelle opportunité d’exploiter toutes les ressources nécessaires à la bonne gestion des RP. Entrer en contact avec un journaliste parce qu’on est sûr d’avoir bien cerné ce qui l’intéresse ou en réaction à un de ses tweets est non seulement flatteur pour lui mais c’est aussi une approche personnalisée, propice à porter ses fruits.
On peut ainsi tout à fait rester minimaliste dans son utilisation de Twitter, peu importe son âge, son sexe, son portefeuille clients ou son activité professionnelle qui en théorie ne flirte pas avec le digital et tout cela, en pouvant se vanter de n’être ni geek, ni soumis !
Caroline Matz (carolynematz)
* Selon la quatrième enquête annuelle sur le journalisme numérique , juin 2011, Journal du Net.
* Dominique WOLTON, Internet, et après ? Une théorie critique des nouveaux médias », Flammarion, 1999.