Le baigneur de la Redoute : anatomie d’un « bad buzz »
[edit 5 janvier] Tout commence par une photo supposée anodine, d’enfants sur une plage, joyeux camarades habillés par la Redoute. Mais à y regarder de plus près on distingue assez nettement un drôle de baigneur, qui lui, n’a pas trouvé short à sa taille, puisqu’il est nu. Quand le site nous invite à survoler l’image pour zoomer, forcément, on peut vérifier tous les détails du cliché. Alors, bien entendu, on se demande comment est-il possible que ce « détail » ait pu échapper à l’ensemble des intervenants de la chaîne de production, à commencer par le photographe lui-même qui a certainement shooté en rafale les bambins, puis livré ses photos, et aussitôt passé à la session suivante, sans vérifier ses clichés, celui-ci en particulier. Ce travail aura été fait par un client du site qui a aussitôt fait suivre sa trouvaille sur les réseaux sociaux, et là…. c’est le drame.
Voyons comment ce baigneur est devenu l’espace d’une journée la coqueluche du web français
Il est midi lorsque qu’apparaissent les premiers messages sur Twitter :
13h : les images sont supprimées et un message d’excuse est publié sur la page Facebook, ce qui a pour effet d’attirer l’attention des 710 798 fans, autant dire que ces excuses publiées (légitimes et nécessaires) n’ont fait qu’amplifier (malheureusement) le phénomène.
Les commentaires pleuvent sur la page Facebook, plus de 800 commentaires, tout le monde souhaite donner son avis, on épuise le stock de blagues.
Dans le même temps, La Redoute publie de premières réponses sur Twitter, les 136 902 abonnés sont prévenues. Très vite, #laredoute devient Trendy Topic sur Twitter, l’alerte est donnée : il se passe quelque chose d’anormal…
13h26 : le site minutebuzz publie un article dédié, et l’annonce sur Facebook à plus de 25 500 abonnés.
L’article est lui-même relayé plus de 400 fois sur Facebook et plus de 200 fois sur Twitter.
La machine est en route, tout le monde s’empare de l’affaire. Une ambiance potache règne pendant tout l’après-midi, animée par une communauté de community managers (toujours les premiers à se déchainer) ou autres pseudos spécialistes (parfois acharnés). La Redoute est au centre de tous les sarcasmes sur les réseaux sociaux. Le baigneur devient malgré lui, l’objet d’un mème tout comme John Pike, le policier le plus célèbre et le plus détesté du web.
Une affaire qui va faire pshiiiiit ? (notez bien le point d’interrogation…)
On ne devrait pas parler longtemps du fond de l’affaire (peut-on d’ailleurs la qualifier de bad buzz ?), qui somme toute n’est pas d’une grande gravité, la photo ayant été retirée rapidement et des excuses formulées. On retiendra surtout la vitesse à laquelle se sont déroulés les évènements et comment les spécialistes ou pseudo-spécialistes se sont emparés de cette affaire pour se poser en donneurs de leçons.
Notons que La campagne de bannières Critéo (basée sur du ciblage comportemental) et les autres outils d’acquisition de trafic devraient certainement exploser leurs scores analytiques.
Et pour le plaisir…