Demain, qui gouvernera le monde ?
Docteur d’Etat en Sciences économiques, Jacques Attali est diplômé de l’Ecole Polytechnique, (major de la promotion 1963), de l’Ecole des Mines, de l’Institut d’Etudes Politiques et de l’Ecole Nationale de l’Administration.
Il a enseigné l’économie théorique à l’Ecole Polytechnique, à l’École des Ponts et Chaussées et à l’Université Paris-Dauphine. Il est docteur honoris causa de plusieurs universités étrangères et membre de l’Académie Universelle des Cultures.
Jacques Attali est également l’éditorialiste de L’Express. Il est l’auteur de plus de cinquante livres, traduits dans plus de trente langues et diffusés à plus de huit millions d’exemplaires à travers le monde, comprenant des essais (sur des sujets allant de l’économie mathématique à la musique), des biographies, romans, des contes pour enfants, des biographies et des pièces de théâtre. Il a été désigné comme l’un des 3 plus influents intellectuels de France et l’un des 100 plus influents dans le monde.
Professeur, écrivain, professeur d’économie à l’école polytechnique, conseiller spécial auprès du Président de la République de 1981 à 1991, fondateur et premier président de la Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement à Londres de 1991 à 1993, Jacques Attali www.attali.com est maintenant président de A&A, société internationale de conseils, www.aeta.net spécialisée dans les nouvelles technologies, basée à Paris, et Président de PlaNet Finance.
Alors « Tous ruinés dans dix ans » ?
Je parle dans ce livre des États, non des individus. Et le risque existe, si nous ne maitrisons pas la dette publique. Jamais, sauf en période de guerre mondiale, la dette publique des grands pays de l’Occident n’a été aussi élevée. Jamais les dangers qu’elle fait peser sur la démocratie n’ont été aussi graves. Pour comprendre les raisons profondes qui peuvent conduire des États comme l’Islande ou la Grèce à la faillite, il faut retracer l’histoire de la dette publique, qui est aussi celle de la constitution progressive de la fonction souveraine et de ce qui menace de la détruire.
Tel est l’enjeu de la dette publique actuelle, née avec la crise financière et nécessaire à la solution, mais dont chacun sent bien qu’elle ne peut continuer de croître sans conduire aux pires catastrophes. Il est encore possible de régler ces problèmes, d’éviter la dépression, l’inflation et le moratoire, en repensant le rôle du Souverain et la part des dépenses publiques, en mettant en place d’autres règles comptables et une tout autre architecture financière et politique, que ce soit en France, en Europe ou au niveau mondial.
Dans votre dernier livre, « Demain qui gouvernera le monde » vous appelez d’urgence à un gouvernement mondial pour éviter le repli sur soi généralisé. Pourquoi un livre sur la gouvernance mondiale, alors que tout laisse entendre qu’au contraire, le monde traverse une période de repli sur soi et d’autonomisation des Etats ?
C’est justement pour éviter ces risques, de plus en plus présents, que j’ai voulu montrer les catastrophes auxquelles ces replis sur soi ont entrainé les peuples. En particulier, ce fut le cas au début du 20ème siècle, suivi de 75 ans de barbaries en Europe. Demain, qui gouvernera le monde ? Personne, sans doute. Et c’est là le pire. Aucun pays n’aura plus les moyens de maîtriser les richesses et les problèmes de la planète. Et personne ne voudra d’un gouvernement mondial.
Pourtant, les crises économiques, financières, écologiques, sociales, politiques et le développement des activités illégales et criminelles d’aujourd’hui montrent l’urgence d’un gouvernement du monde autre que celui des religions, des empires, des nations ou des marchés. Demain, d’autres scandales, d’autres injustices, d’autres catastrophes plus amples encore feront comprendre à l’humanité que le marché ne peut fonctionner correctement sans un état de droit ; que l’état de droit ne peut être appliqué et respecté sans un État ; et qu’un État n’est durable que s’il est réellement démocratique.
L’humanité comprendra alors qu’elle a tout à gagner à se rassembler autour d’un gouvernement démocratique du monde dépassant les intérêts des nations, y compris les plus puissantes, gérant le monde dans sa totalité, dans le temps et dans l’espace.
Un tel gouvernement existera un jour. Après un désastre, ou en lieu et place de lui. Il est urgent d’y penser, avant qu’il ne soit trop tard.
Et pour montrer qu’un autre solution est possible : un état de droit planétaire.
Xavier BERTRAND, Ministre du Travail de l’Emploi et de la Santé, vous a reçu mercredi 7 septembre en tant que Président de PlaNet Finance, et plus précisément l’association PlaNet ADAM Bondy. Cette rencontre a permis de mettre en évidence les raisons du succès des associations de PlaNet Finance France implantées dans les quartiers en difficulté, dont la mission est de sensibiliser et d’accompagner les personnes les plus éloignées de l’emploi à la création d’entreprise. L’entrepreneuriat, plus qu’une alternative, une solution pour lutter le chômage ?
Une solution partielle, mais très efficace, et très peu couteuse : créer un emploi durable d’entrepreneur par un Adam coute 5 fois moins que ne coute un chômeur pendant un an.
Le programme développé par PlaNet Finance France promeut l’entrepreneuriat pour lutter contre l’exclusion à travers un réseau de 10 associations PlaNet ADAM. Depuis 2006 le réseau a permis la création de 680 entreprises et la pérennisation de 850 emplois, pour un coût moyen de 2 500€ par emploi créé, nettement inférieur à l’indemnisation annuelle moyenne d’un chômeur de l’ordre de 12 400€.
Les PlaNet Adams , jusqu’ici expériences dans dix quartiers, vont maintenant se déployer dans toutes les ZUS de France, si nous en trouvons les moyens.