Interview de Christian Blachas, Président de CB News
Le festival Lions Cannes 2009 s’est achevé le 27 juin dernier… une édition qui n’a pas particulièrement fait la part belle aux réalisations françaises. Comment l’expliquez-vous ?
Cela devient une habitude. Il faut en conclure que la publicité française ne s’exporte pas très bien. En tout cas, elle a du mal à séduire un jury composé d’une multitude de nationalités, donc de cultures différentes. D’une façon générale, la publicité française est soit trop compliquée, trop intello, soit trop simpliste. Et puis surtout il lui manque une arme redoutablement efficace que des pays comme l’Angleterre ou les USA savent manier à la perfection : l’humour. J’ajouterai : l’humour universel.
Toujours côté distinctions, les Grand Prix des Medias 2009 de CB News, que vous présidez, ont fait preuve d’un certain éclectisme (résultats ici). Quels ont été vos critères de sélection ?
Le jury du grand prix des medias CB News doit intégrer trois critères essentiels : l’innovation (éditoriale, marketing, commerciale), l’originalité et la performance (ventes ou audiences). Les deux marques medias qui ont lutté jusqu’au bout pour l’attribution du grand prix furent M6 pour sa résistance face à la crise et sa politique efficace de diversification (chaînes thématiques, produits dérivés, football…) et le groupe Radio France pour ses prises de risques éditoriaux. Radio France n’a gagné que d’une voix après cinq tours de scrutins.
La crise financière a eu un sérieux impact sur le secteur, comme c’était prévisible… Comment voyez-vous l’évolution du marché à horizon 2 ans ?
Personne, absolument personne n’est capable de prévoir ce qui va se passer dans les mois qui viennent. Une seule chose est certaine : ce sont les marques les plus fortes, les mieux positionnées, celles qui auront su créer une vrai complicité avec leur lectorat ou leur audience qui s’en sortiront le mieux. Mais une évidence s’impose : pour que les medias puissent retrouver un vrai modèle économique, il faut impérativement éradiquer petit à petit le concept de gratuité pour tous les produits en ligne. On ne peut pas indéfiniment donner de l’information et du service gratuitement alors que le marché publicitaire est en régression et n’est plus capable de financer totalement les medias.