La Tribune garde sa liberté de penser
Interview d’Erik Izraelewicz, Directeur de la rédaction de La Tribune
La Tribune s’est dotée d’une « charte d’indépendance et de déontologie » en avril dernier. Wellnews a souhaite, ce mois-ci, en savoir un peu plus sur cette charte par la voix d’Erik Izraelewicz. Diplômé d’HEC, du Centre de formation des journalistes, et docteur en économie internationale, Erik Izraelewicz entre comme journaliste à L’Expansion en 1981, puis intègre La Tribune de l’économie à la création du titre en 1985. Il dirige ensuite le service économique au quotidien Le Monde à partir de 1986, pour en être le correspondant à New York en 1993, puis éditorialiste en 1994. Nommé rédacteur en chef du Monde en 1996, il entre au quotidien économique aux Échos quatre ans plus tard comme rédacteur en chef. Editorialiste puis Directeur adjoint de la rédaction, il devient Directeur de la rédaction en 2007. Il quitte le quotidien en février 2008 pour le même poste à La Tribune, récemment racheté par Alain Weill. Il est également chroniqueur sur RMC-info et BFM TV.
Pourquoi une charte d’indépendance et de déontologie ? Souffle-t-il un vent de suspicion sur l’intégrité de la Tribune ?
Le journal a connu une histoire mouvementée, liée à notamment à l’indépendance de sa rédaction. La création de cette charte intervient à un moment où l’indépendance de la presse est beaucoup discutée, et incidemment, à l’occasion du rachat de La Tribune par Alain Weill. La société des journalistes de La Tribune a exprimé le souhait d’établir un texte instituant des règles de déontologie afin de se prémunir contre toute influence de quelque nature qu’elle soit.
Quels sont les termes de cette charte ?
Le texte a fait l’objet d’un travail approfondi de la part des journalistes, et a été discuté avec Alain Weill. Il définit les conditions d’un travail honnête, sérieux, et de qualité de la part de la rédaction, mais il constitue également une réflexion sur les droits et les devoirs qui incombent aux journalistes. La charte n’est pas dogmatique mais pragmatique, tout en conservant une certaine souplesse dans ses règles… à l’inverse de nombreuses chartes rédigées par le passé dans de nombreuses rédactions. Par exemple, les voyages de presse font l’objet d’une attention particulière. Même chose pour les cadeaux : un examen de la valeur des envois doit déterminer leur acceptation ou leur renvoi à l’expéditeur. Enfin, la charte prévoit la nomination d’un médiateur indépendant – sur proposition d’une liste de candidats établie par Alain Weill – chargé d’agir en tant qu’intermédiaire en cas de conflit. C’est aujourd’hui Philippe Labarde, ancien Directeur de La Tribune, qui assure cette fonction.
La Tribune a-t-elle modifié sa ligne éditoriale à la suite de son rachat ?
Le journal a été racheté à Bernard Arnault. Aujourd’hui, tout sujet relatif au secteur du luxe est traité avec davantage d’indépendance qu’auparavant. Nous travaillons, par ailleurs, à une nouvelle formule qui sortira à la rentrée, vers la mi-septembre.