Jugez du quiproquo. Lorsque l’on parle chez nos voisins de « public relations », il s’agit bien entendu de relations avec les publics. Entendez par là relations avec les parties prenantes (stakeholders) qui intéressent le monde des affaires : les clients, les réseaux de distribution, les prescripteurs (incontournables dans les professions de santé, essentiels dans le bâtiment), les analystes (comment passer outre dans la finance ou dans le secteur des nouvelles technologies ?), les experts (parlez-en aux professions agro-alimentaires…), les media, les actionnaires, les collaborateurs (actuels et futurs), les associations militantes, les institutions et, en oubliant certainement beaucoup d’autres publics, la société civile dans son ensemble. Publics donc auprès desquels l’image et la réputation de l’entreprise est déterminante pour son succès.
Relations parce que justement il ne s’agit pas de la publicité, par nature unidirectionnelle et qui s’approprie d’ailleurs bien injustement le terme de communication, mais de communication vraie, c’est-à-dire d’écoute, de dialogue, de compréhension mutuelle, d’intérêts communs, bien compris et bien entendus. Un mode relationnel qui vise d’abord à comprendre, se faire comprendre et s’assurer d’être compris.
Comment comprendre, dès lors, que l’on ait traduit l’expression anglo-saxonne « public relations » par « relations publiques » ? Car dans cette dernière expression, ce sont les relations qui sont publiques : une activité qui consisterait à entretenir des relations (le plus possible) dans un cadre public (quel intérêt ?) alors qu’il s’agit, à l’opposé, de publics avec lesquels il faut entretenir une relation dans laquelle il convient d’être, précis, juste dans son propos, pertinent et, le plus souvent, persuasif.
On voit bien le caractère très artificiel – voire mondain – que sous-tend l’expression « relations publiques ». Alors que « relations publics » (il faudrait dire relations avec les publics) induit bien plus nettement à la fois ce que désigne l’activité, les compétences nécessaires, l’expertise réelle de ce métier et sa finalité. Une simple erreur de traduction qui fait confondre le mondain et l’expert, les paillettes et le socle.
Il est grand temps que la France, à l’instar des autres pays industrialisés, réalise l’importance de cette expertise. Si cette prise de conscience doit passer par une modification d’orthographe, cela ne vaut-il pas un changement d’appellation de « relations publiques » en « Relations publics » ?