Voici 20 ans tout juste que vous présentez le Journal de 13h sur TF1. Comment expliquez-vous une telle longévité, qui constitue à ce jour un record ?
Le succès du 13h de TF1 est difficile à expliquer. Nous tournons en ce moment autour des 8,5 millions de téléspectateurs, mais pour bien cerner les raisons d’une telle audience, je crois qu’on peut évoquer deux paramètres. Tout d’abord, nous avons été les premiers, pour un JT national, à mettre en place un réseau de correspondants en régions. En ce sens, nous avons été les précurseurs en terme de couverture à l’échelle nationale. D’où une plus grande proximité et réactivité avec l’information. La deuxième chose, c’est que je me suis attaché à mettre en place et conserver, depuis 20 ans, la règle des « 4 R » : Rapidité (aujourd’hui, les moyens permettent la transmission immédiate de l’information), Rigueur (ne rien occulter de l’actualité, proscrire tout suivisme, rester droit et didactique), Reportage (la télévision, c’est l’image… il faut pouvoir proposer des témoignages de terrain) et Région (limiter l’institutionnel et les invités en plateau). C’est en respectant à la lettre ces 4 points essentiels que nous pouvons proposer aujourd’hui un journal de qualité au quotidien.
Comment définiriez-vous votre différence, aujourd’hui, par rapport aux autres grands journaux de la mi-journée ?
Je m’intéresse surtout à ce que je fais, c’est ce qui m’importe le plus ! Je regarde peu ce que font les autres. Présenter un JT, c’est un combat permanent qui demande une concentration sur ce que l’on à faire avant tout, sans se préoccuper de ce que fait le voisin. Et puis, avec les années, une âme s’est constituée autour du JT et cette âme tient surtout à la complicité et à la complémentarité que nous entretenons tous au sein de la rédaction, autour de Robert Namias* et entre les 3 JT (13h, 20h et week-end). C’est cette synergie et un attachement à des valeurs journalistiques que nous faisons vivre, avec Patrick Poivre d’Arvor et Claire Chazal, qui confèrent un esprit commun à l’information sur TF1.
Comment voyez-vous les 20 prochaines années ? Toujours aux commandes du 13h ? N’avez-vous pas des envies de changement ?
Les 20 prochaines années ? Je ne les vois pas. Je vis et travaille au quotidien. Qui peut dire ce que sera la télévision dans 20 ans ? Les moyens évoluent à une vitesse folle. Aujourd’hui, on peut regarder la télévision sur téléphone portable, ordinateur, PDA… La télévision existera-t-elle encore dans 20 ans ? Quant à moi, j’exerce mon métier avec passion et jamais je ne me suis endormi sur mes lauriers. C’est un métier qui est régi par le changement permanent, qui requiert beaucoup de travail, mais qui est source d’adrénaline. Je suis loin d’avoir des envies de changement pour le moment. Il s’agit d’une passion véritable et lorsqu’on est attaché, comme je le suis, à certaines valeurs inhérentes au métier, on a envie de persévérer, continuer et creuser cette matière formidable et inépuisable qu’est l’information.
*(NDLR : Directeur général adjoint en charge de l’information de TF1)