3 questions à Christian Blachas
Quelles vont être les conséquences de la menace de guerre qui plane sur la pub ?
Il y en a deux types. La première est déjà perceptible, c’est la baisse des rentrées publicitaires et même si cela reprend un peu en septembre, l’année est plombée. Cyniquement, on a envie de dire qu’on a hâte que la guerre se déclenche, parce qu’il n’y a rien de pire que l’attentisme. C’est un formidable moyen de ne pas prendre de décisions. C’est plus facile de baisser ses investissements pub que de virer des gens, mais le pire c’est que les investissements sont bloqués. Il n’y aura pas de relance claire avant 2004.
Quelle est la seconde conséquence ?
C’est potentiellement l’appel au boycott. Mais celle-là devrait être minime, parce qu’il y a d’un côté l’irrationnel et l’émotivité, et de l’autre la réalité quotidienne. Je ne vois franchement pas pourquoi une Californienne qui a trouvé en Chanel 5 son parfum, cesserait soudain de le porter. Et pareil pour nous, on ne va pas arrêter de boire du Coca ! Ça nuit peut-être un peu à l’image des marques, mais rien de plus. Fondamentalement, je n’ai pas envie de choisir entre Bush et Saddam.
Et une fois le conflit déclenché…
Il est inéluctable. Mais le pire serait qu’il s’enlise comme au Vietnam. Or je pense que Saddam est plus malin que Bush. Il y a donc un risque d’enlisement. En plus, si les Américains attaquent seuls, et c’est une des conséquences les plus importantes pour la décennie, nous allons nous retrouver dans un schéma de guerre froide, avec Washington, Londres et peut-être Madrid d’un côté, et la France, l’Allemagne, l’URSS et la Chine de l’autre…